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Roche et Novartis sanctionnés en France pour abus de position dominante

Le géant Novartis avait suspendu ces rachats, il les a repris. [Reuters - Arnd Wiegmann]
Roche et Novartis sanctionnés en France / Le Journal horaire / 29 sec. / le 9 septembre 2020
L'Autorité française de la concurrence (AFC) a infligé à Roche et Novartis une amende cumulée de 444 millions d'euros pour abus de position dominante collective dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).

Les deux laboratoires rhénans, ainsi que le filiale américaine de Roche, Genentech, sont sanctionnés pour avoir cherché à préserver les ventes du médicament Lucentis au détriment de l'Avastin, 30 fois moins onéreux, indique l'autorité sur son site internet mercredi.

En France, l'injection de Lucentis était facturée 1161 euros au moment de son lancement en 2007 et atteint encore 790 euros, quand celle d'Avastin oscille entre 30 et 40 euros. Les deux traitements ont été développés par Genentech.

"Compte tenu des différences de coût de traitement entre les deux spécialités, toute utilisation d'Avastin à la place de Lucentis était susceptible d'entraîner un manque à gagner significatif pour chacun des trois laboratoires concernés", étaie l'AFC.

Intérêts imbriqués

Roche et sa filiale se partagent la commercialisation de l'Avastin à l'échelle mondiale. Novartis commercialise, lui, le Lucentis en dehors des Etats-Unis.

Il est notamment reproché aux deux groupes d'avoir cherché à freiner l'utilisation de l'Avastin, conçu pour être administré dans le domaine oncologique, en dehors du cadre de son autorisation de mise sur le marché (AAM).

Dans le détail, Novartis est sanctionné séparément pour avoir déployé de 2008 à 2013 une campagne de communication globale et structurée jetant le discrédit sur une utilisation de l'Avastin en ophtalmologie et ciblant en priorité des médecins reconnus.

Réfutation des accusations

Les trois laboratoires ont conjointement été reconnus responsables de l'élaboration de pratiques de blocage et discours trompeurs envers les pouvoirs publics de l'Hexagone, qui ont retardé les initiatives de ces derniers pour sécuriser une administration de l'Avastin contre la DMLA. Les pratiques incriminées ont eu cours de 2008 pour Roche, 2011 pour Novartis et Genentech, jusqu'en 2013.

"Profondément déçu par la décision de l'AFC, Novartis réfute fermement les accusations de pratiques anti-concurrentielles", martèle le principal intéressé dans une prise de position adressée à AWP. La multinationale assure que l'autorisation adoptée en France entre 2014 et 2015 de la possibilité de rembourser des médicaments prescrits hors AAM demeure une menace pour le système juridique, médical et réglementaire établi.

Partageant tant le désaccord que la déception de Novartis, Roche assure avoir agi dans le "meilleurs intérêt des patients avec à l'esprit leur sécurité". Le groupe à l'hexagone bleu campe sur sa position en examine ses options pour la suite.

ats/clo

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Vieux débat

Roche et Novartis avaient déjà été condamnés à une amende cumulée de 182,5 millions d'euros (92 millions pour Roche et 90,5 millions pour Novartis) en Italie début 2014, pour avoir fait obstacle à la diffusion de l'Avastin contre la DMLA au profit du Lucentis. Rome cherche depuis à obtenir des deux groupes des dédommagements à hauteur de 1,2 milliard d'euros.

Le bras de fer qui oppose les deux monstres pharmaceutiques bâlois d'un côté à un certain nombre de médecins et régulateurs nationaux de l'autre remonte à une dizaine d'années, quand une étude américaine révélait que l'Avastin s'était avéré aussi efficace que le Lucentis contre cette maladie dégénérative de l'oeil.

La décision française n'ébranlait pas outre-mesure les cours des deux poids lourds pharmaceutiques sur la place zurichoise. A 12h07, le bon de jouissance Roche s'appréciait de 0,7% à 325,65 francs, quand la nominative Novartis s'enrobait de 0,6%. A titre de comparaison, le SMI gagnait 0,7%.