Le suspens reste entier, même si les deux grands établissements
suisses ont déjà affiché leurs pertes liées à la crise du crédit
aux Etats-Unis.
La crise des prêts hypothécaires à risque ou "subprime", qui a
déjà coûté plusieurs milliards de francs aux instituts les plus
exposés, a démarré au printemps dernier aux Etats-Unis pour
s'amplifier ces derniers mois. Et la tempête n'a pas épargné l'UBS.
Le Credit Suisse est, lui, moins touché (lire
ci-contre).
Pertes de 600 millions pour l'UBS
Pour le numéro un bancaire suisse, l'ampleur des dégâts s'est
avérée bien plus vaste que supposé en août à la publication des
comptes semestriels. Conséquence de placements sur le marché
hypothécaire résidentiel à risque aux Etats-Unis, l'UBS a dû
procéder à des amortissements de 4 milliards de francs dans son
secteur revenu fixe, taux et change (FIRC).
Habituée au succès, la banque a dû se résigner à annoncer au début
du mois qu'elle escomptait essuyer une perte de 600 à 800 millions
de francs au 3e trimestre.
Une première depuis 9 ans
L'ampleur définitive des chiffres rouges sera dévoilée mardi
avec la présentation des résultats trimestriels du premier
gestionnaire de fortune mondial. Et l'établissement affichera
probablement sa première perte sur trois mois depuis neuf
ans.
L'UBS avait plongé dans le rouge pour la dernière fois en 1998 en
raison de ses engagements dans le hedge fund LTCM. Une affaire qui
avait coûté 950 millions de francs à l'institut, avec à la clef une
perte de 911 millions au 4e trimestre.
Bénéfices mais emplois supprimés
Malgré ces déboires outre-Atlantique, la situation financière de
l'UBS n'en demeure pas moins confortable. La banque attend pour les
neuf premiers mois de l'année un bénéfice net de quelque 10
milliards de francs. Son président, Marcel Ospel, a lui jugé que la
perte a dépassé toutes les attentes et que les risques de crédits
ont été mal évalués.
Si l'UBS ne s'attend pas à ce que la crise laisse des traces
durables, la réorganisation de son unité de banque d'investissement
pèsera sur l'emploi. Quelque 1500 postes passeront à la trappe
d'ici à la fin de l'année. En fonction depuis juillet, le patron du
groupe, Marcel Rohner a également décidé de faire le ménage dans
les étages supérieurs. Le successeur de Peter Wuffli a ainsi écarté
le président et directeur général de la banque d'investissement Huw
Jenkins ainsi que le chef des finances du groupe, Clive
Standish.
ats/hof
CS moins touché...
Le Credit Suisse semble pour sa part moins affecté par ses engagements outre-Atlantique, sans pour autant avoir totalement échappé à la crise.
Le numéro deux helvétique, qui présentera ses comptes jeudi, table sur un bénéfice trimestriel de 1,3 milliard de francs, en recul de 20% au regard de la même période de 2006.
Mais l'institut a aussi annoncé la suppression de quelque 320 emplois, notamment dans la banque d'investissement. La restructuration ne devrait pas toucher la Suisse.
... que d'autres
Pour d'autres banques prises dans la tempête, la situation demeure plus préoccupante. Plusieurs instituts ont annoncé des amortissements conséquents dans leurs comptes.
A commencer par Merrill Lynch, qui a dû inscrire à cette ligne un montant de 7,9 milliards de dollars, soit 9,2 milliards de francs, plongeant dans le rouge à hauteur de 2,3 milliard de dollars au 3e trimestre.
Citigroup et Bank of America, tout comme les allemandes Deutsche Bank et Commerzbank ont aussi souffert de la crise du "subprime".
D'autres, à l'image de la britannique Northern Rock, qui n'a dû sa survie qu'à l'intervention de l'Etat, ont frôlé la faillite.
Et la crise n'est de loin pas à son terme, à en croire les experts. "Le système financier mondial a subi un test important - et celui-ci n'est pas terminé", a récemment affirmé Jaime Caruana, directeur du département marchés financiers du Fonds monétaire international.