L'Energy Watch Group (EWG) a tiré la sonnette d'alarme lors
d'une conférence sur le "pic pétrolier" ("peak oil") organisée à
Londres. Arriver au pic de production « créera un manque de
production qu'il sera difficile de combler malgré l'exploitation
grandissante d'autres énergies fossiles, du nucléaire ou de sources
alternatives", met en garde EWG, défenseur de la thèse du "pic
pétrolier".
Selon les chiffres publiés par l'EWG, le monde a produit 81
millions de barils par jour (Mbj) en 2006. En 2020, il devrait en
produire 58 millions par jour, puis simplement 39 millions en 2030,
une baisse de plus de 50% par rapport aux niveaux actuels.
Message dangereux
Cette hypothèse baissière contraste avec les projections de
l'Agence internationale de l'Energie (AIE), qui table sur 105 Mbj
en 2020 (extrapolation de l'EWG à partir d'une projection de l'AIE
pour 2015), et 116 Mbj en 2030.
Selon l'EWG, l'AIE, comme les autres organismes qui contestent la
théorie d'un épuisement déjà en cours des ressources fossiles,
envoie aux milieux d'affaire un message dangereux, en supposant que
l'approvisionnement en pétrole ira en s'améliorant, ce qui
n'encourage pas l'industrie à s'atteler aux changements structurels
nécessaires.
"Le système économique mondial est à l'aube d'un changement
structurel", insiste le groupe d'étude, qui se veut indépendant de
l'industrie pétrolière, au contraire de groupes d'études et
d'agences telles que l'AIE, ou le CERA.
Mise en garde
Pour l'un des intervenants invités par l'EWG, l'économiste
britannique David Fleming, la raréfaction des ressources
pétrolières ne sera pas sans conséquences sociales: "On pourrait
aisément assister aux mêmes scènes d'agitation sociale de masse que
celles survenues en Birmanie ce mois-ci", prévient-il, en référence
au soulèvement populaire qui avait pris racine dans le
mécontentement des habitants après une hausse surprise et massive
des prix des carburants. L'économiste met en garde contre le risque
d'"effondrement social", si les gouvernements ne préparent pas la
transition vers les autres sources d'énergie.
Les prix du pétrole sont par ailleurs toujours en train de flamber
et certaines voix s'élèvent pour que la production soit rehaussée
(voir ci-contre). En attendant, les Bourses d'Europe, et des
Etats-Unis et d'Asie et le dollar sont à nouveau en fort repli
lundi, notamment à cause du prix du baril.
Les actionnaires craignent que la spirale des prix du pétrole
n'entame les bénéfices des entreprises, après plusieurs années de
résultats record dans de nombreux secteurs. "Le pétrole est comme
un lubrifiant qui permet d'assurer la croissance mondiale",
rappelle un analyste de la banque britannique Barclays, et le
renchérissement de l'or noir risque donc de gripper les rouages
économiques.
afp/boi
Hausse de la production demandée
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) doit produire plus de pétrole si elle veut que les prix baissent, a insisté lundi le cabinet CGES.
Selon SGES, il faut que les membres de l'Opep mettent plus de pétrole sur le marché "pour permettre aux stocks commerciaux de se reconstituer".
Ce cabinet basé au Royaume-Uni avait averti en mars du risque d'envolée des prix si le cartel pétrolier se montrait trop "complaisant".
Les cours évoluaient alors autour des 60 dollars le baril à New York. Ils ont depuis bondi de 50%, pour culminer au-dessus des 90 dollars le baril la semaine dernière.
Pour le cabinet, l'augmentation de production de 500.000 barils par jour promise par l'Opep à partir du 1er novembre est "trop peu, trop tard".
L'hiver arrivé, et la demande atteignant un pic, les stocks d'avèreront insuffisants pour faire face à la demande.