La situation de l'UBS, ébranlée par
la crise hypothécaire américaine, s'est détériorée depuis le 10
décembre dernier, précise la banque dans un communiqué. Une perte
annuelle n'était alors qu'une possibilité. Après plusieurs années
très profitables, c'est la première fois que l'établissement boucle
un exercice dans le rouge
(voir ci-contre)
. Et
cette perte aura des conséquences sur les finances
fédérales et cantonales.
Ces résultats sont dus, dans la banque d'investissement, à
l'activité des revenus fixes, changes et matières premières
(FICC/"fixed income, currencies and commodities").
Dans le détail, 12 milliards de dollars (13,7 milliards de francs)
proviennent de positions liées au marché hypothécaire subprime aux
Etats-Unis, et quelque 2 milliards sont issus d'autres positions en
rapport avec le marché hypothécaire résidentiel américain.
Dispositif de sauvetage
Prise au piège de la crise du crédit immobilier américain, la
banque avait déjà annoncé à l'automne des dépréciations d'actifs à
hauteur de 9,3 milliards d'euros et averti qu'elle pourrait
terminer 2007 dans le rouge, pour la première fois de son histoire.
La banque a également annoncé le 10 décembre l'émission d'un
emprunt obligataire convertible en actions de 13 milliards de
francs suisses.
Ce montant doit être souscrit à hauteur de 11,5 milliards de
francs par le fonds souverain singapourien GIC, qui deviendrait
ainsi le premier actionnaire de l'UBS avec environ 9% du capital,
et par un investisseur anonyme du Moyen-Orient. Selon des
informations de presse, ce dernier serait saoudien, voire un membre
de la famille royale saoudienne.
Ce dispositif, contesté par certains actionnaires, doit être
approuvé lors d'une assemblée générale le 27 février.
Actionnaires perdants
Les actionnaires de l'UBS subiront aussi des mesures
extraordinaires. Ils sont invités pour l'exercice 2007 à renoncer à
un dividende en numéraire au profit d'un dividende en
actions.
Conséquence de toutes ces évolutions, le projet de
recapitalisation sera toutefois controversé lors de l'assemblée
générale. Plusieurs organisations de défense des actionnaires ont
déjà fait part de leur opposition.
Enfin, la perte nette de 4,4 milliards fait nettement baisser le
capital de base de la banque à fin 2007. L'établissement numéro un
de Suisse remplit toutefois encore les exigences de la Commission
fédérale des banques.
agences/boi
Lourde chute depuis un an
L'UBS avait réussi une excellente année 2006, avec un bénéfice de 11,5 milliards de francs.
Cette année, l'UBS a donc gagné près de 18 milliards de moins, à 4,4 milliards.
Les résultats trimestriels et annuels détaillés seront présentés le 14 février.
Après deux bons premiers trimestres, qui ont compensé la perte totale, la chute a débuté avec la crise des subprimes.
Lorsque le groupe affichait en octobre dernier une perte de 726 millions de francs pour son troisième trimestre, il espérait encore renouer avec la rentabilité sur les trois derniers mois de l'année.
Toutefois, la crise des subprimes a lourdement pesé sur les chiffres, surtout en toute fin d'année.
Mais mi-décembre déjà, la banque constatait que le résultat du quatrième trimestre serait irrémédiablement négatif.
C'est la première fois qu'un exercice complet se termine dans les chiffres rouges pour le numéro un bancaire helvétique.
En 2005, l'UBS avait encore dégagé un bénéfice record de 14 milliards.
Le titre perd 1,6%
Les investisseurs ont dû digérer l'annonce par le numéro un bancaire helvétique de 4,4 milliards, un montant que même les plus pessimistes n'avaient pas osé imaginer.
La déception a été d'autant plus grande. L'action a fini en baisse de 1,6% à 46,06 francs.