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La Suisse va instaurer davantage de transparence sur le marché de l'or

Des lingots d'or dans les coffres de la banque cantonale de Zurich. [Keystone - Martin Ruetschi]
Le SECO veut améliorer la traçabilité de l'or qui circule par la Suisse pour rendre son commerce plus transparent / La Matinale / 1 min. / le 25 septembre 2020
La Suisse veut instaurer davantage de transparence dans le commerce de l'or. Les raffineurs suisses saluent l'initiative, tout comme les ONG. Mais ces dernières réclament encore davantage de traçage.

Le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) a expliqué jeudi dans un communiqué vouloir établir une distinction entre les différents types d'or importé. Dès janvier 2021, les raffineurs suisses seront tenus de faire figurer si l'or qu’ils importent est extrait de mines, ou s'il s'agit d'or bancaire ou recyclé. Objectif: améliorer la traçabilité du métal et obtenir des statistiques plus précises en la matière.

Les raffineurs suisses saluent l'initiative. Pour Antoine de Montmollin, directeur de la raffinerie neuchâteloise Metalor interrogé vendredi dans La Matinale, l'industrie demande depuis longtemps une telle nomenclature. "Cela permet de démontrer qu'il y a une certaine concurrence dans le monde sur l'affinage de l'or minier", explique-t-il.

Il existe deux grandes catégories d'or importé en Suisse: l’or minier, qui provient de mines industrielles ou artisanales, et l’or recyclé, qui a déjà été affiné et utilisé. Il s’agit notamment de lingots bancaires. L'immense majorité (80%) de l’or recyclé mondial est affiné en Suisse. Et "sur les quelque 3200 tonnes d'or minier extraites chaque année, environ 15% est affiné en Suisse", précise Antoine de Montmollin.

Les origines douteuses de l'or de Dubaï

Mais c'est précisément cet or minier qui est parfois considéré comme problématique. Et particulièrement le minerai qui transite par Dubaï, fortement soupçonné de provenir en partie de mines artisanales africaines, qui peuvent être situées dans des zones de guerre, gérées par des milices armées, ou encore employer des enfants.

Cette nouvelle nomenclature va donc permettre de savoir précisément quelle quantité d'or importée provient des mines. Pour l'ONG Swissaid, cette mesure nécessaire ne constitue toutefois qu’une étape intermédiaire.

Son responsable des matières premières Marc Ummel explique qu'il faudra également "changer la définition du pays d'origine". Selon lui, les importateurs en Suisse devraient distinguer et déclarer le lieu où l'or a été extrait et celui où il a été transformé. "Si de l'or du Burkina Faso est raffiné à Dubaï, l'importateur suisse devrait déclarer le Burkina comme pays d'extraction et les Émirats arabes unis comme pays de transformation".

Réactions politiques favorables

Avec cette nouvelle nomenclature, la Suisse comble son retard sur les Etats-Unis, qui possèdent déjà un système similaire.

Côté politique, à gauche, la mesure est saluée. Pour le vice-président du PS Cédric Wermuth, "il est important de travailler pour avoir un or qui soit équitable et qui permette une vie digne à ceux qui le produise et qui ne vienne pas d'un conflit". Il estime cependant que des mesures de transparence ne sont toujours qu'un "petit pas" et qu'il y aura "un travail politique à faire" dans les prochaines années.

À droite, les réactions sont plus partagées, mais pas fondamentalement opposées: "J'aurais préféré que la profession s'organise elle-même, mais je ne ferme par la porte à ce qu'il y ait un cadre fédéral qui soit placé", explique le conseillé national Laurent Wehrli (PLR/VD), justifiant sa position par le fait qu'il y a "des interactions avec l'international". "Ce n'est pas un contrôle de la gestion de l'entreprise, mais un contrôle de la qualité", justifie-t-il encore.

Cynthia Racine/jop

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