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Le prix du brut explose: à qui la faute?

L'or noir à 100 dollars le baril donne le blues aux économistes
Depuis début 2007, les cours ont progressé de plus de 50%
Offre insuffisante des pays exportateurs de pétrole par rapport à une demande mondiale toujours en croissance ou spéculation effrénée: producteurs et consommateurs se renvoient la faute de la flambée des prix de l'or noir.

L'Agence internationale de l'Energie (AIE), qui défend les
intérêts énergétiques des pays consommateurs, accuse l'Organisation
des pays exportateurs de pétrole (Opep) d'attiser les tensions du
marché en ne produisant pas assez de brut pour faire face à la
demande hivernale.

Elle rend donc le cartel indirectement responsable de la flambée
des cours, qui s'approchent des 100 dollars le baril, et lui
demande de pomper 1,8 million de barils par jour en plus. Selon le
Centre for Global Energy Studies (CGES), un "think tank" londonien,
"pour faire se replier les prix, il faut que les membres de l'Opep
mettent plus de pétrole sur le marché pour permettre aux stocks
commerciaux de se reconstituer".

Surenchère du marché

L'Opep se dit "inquiète" du niveau des prix, mais assure que le
marché est bien approvisionné et que les stocks de brut des pays
industrialisés sont supérieurs à leur moyenne des cinq dernières
années. Elle renvoie la responsabilité de l'envolée du prix du
baril aux spéculateurs, aux capacités insuffisantes de raffinage,
aux problèmes géopolitiques au Proche-Orient et au prix du
dollar.



Un discours relayé par un certain nombre d'experts: "si l'Opep
augmentait sa production, les prix ne baisseraient pas forcément",
affirme Thierry Lefrançois, économiste des matières premières. Le
marché est dans la surenchère. Il parie sur le moment où on va
franchir les 100 dollars, mais il n'y a pas de changements par
rapport à il y a quelques mois, quand le baril valait 70
dollars.



Courant août, le baril oscillait encore autour de 70 dollars. Il a
dépassé 96 dollars pour la première fois mercredi. "Quel meilleur
investissement que le pétrole?", interroge l'expert. "Les Bourses
ont baissé, les taux d'intérêt aussi, donc les obligations
deviennent moins intéressantes. Parallèlement il y a beaucoup de
liquidités sur le marché", qui se retrouvent placées sur
relativement peu d'actifs, explique-t-il.

Le poids des spéculateurs

La chute de près de 10 dollars du brut au mois d'août au début
de la crise financière illustre selon lui le poids des
spéculateurs: "les fonds d'investissement se sont retirés" à ce
moment-là, craignant une récession, avant de revenir massivement
sur le marché. D'autant qu'en période d'incertitude économique,
l'or noir est devenu une valeur refuge, à l'instar de l'or, et
surtout le moyen de se couvrir face à la baisse du dollar.



Un avis partagé par Pierre Terzian, de la revue française
Pétrostratégies, pour qui "le marché est totalement dominé par les
financiers". Le risque de pénurie ne peut justifier les prix
actuels, car la capacité de production non utilisée de l'Opep était
en 2005 de 0,5 million de barils par jour (mbj), alors qu'elle elle
est aujourd'hui sept fois plus élevée et que les prix ont
doublé.



"L'offre, la géopolitique et la spéculation jouent tous dans le
sens d'une hausse", résume David Kirsch, du cabinet PFC Energy.
Mais l'approvisionnement du marché "ne justifie pas un baril à 100
dollars".



agences/kot

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Un risque pour l'économie mondiale

L'escalade effrénée des prix du pétrole se combine à la montée vertigineuse de l'euro comme de l'or et fait peser des incertitudes inquiétantes sur l'économie mondiale.

Les cours de l'or noir sont dopés par une combinaison de facteurs qui semblent durables: demande mondiale très vigoureuse, raffineries qui peinent à suivre la cadence et environnement géopolitique instable.

La montée de l'euro, arrivé mercredi au niveau record de 1,4504 dollar, a joué aussi un rôle non négligeable dans l'escalade des prix pétroliers: plus le billet vert s'étiole, moins le pétrole coûte cher aux investisseurs munis d'autres devises car le prix du baril est libellé en dollars.

Mercredi les cours de l'or se sont envolés à New York, dépassant les 800 dollars l'once pour la première fois depuis 1980.

Dollar anémique, euro gonflé à bloc, pétrole hors de prix: ce cocktail inquiète les économistes. Pour les Européens, l'euro fort permet de limiter la facture énergétique libellée en dollars, mais il pèse sur les exportations et risque d'étouffer la croissance.

Pour les USA, qui consomment un quart du pétrole mondial, la cherté du pétrole est un poids de plus pesant sur une économie déjà fragilisée par la crise des crédits "subprime".

La Chine commence elle aussi à ressentir les effets du pétrole cher. Le gouvernement chinois qui subventionne le carburant, a dû ainsi se résoudre à l'augmenter jeudi de 8%.