A l'image de l'ensemble des Bourses mondiales, la Bourse suisse
a plongé. L'indice SMI de ses valeurs vedettes a crevé le plancher
des 8200 points - une barrière qui n'avait pas été franchie depuis
le mois de septembre de l'an dernier. Il a bouclé à 8125,42, soit
une baisse de 2,6%.
Cette correction automnale est la troisième de l'année après
celles survenues en février et en juillet. Et le marché restera
très volatil au premier trimestre 2008, selon les experts
interrogés par l'ATS. Il n'y a pas d'acheteurs en cette fin
d'année: les investisseurs se disent «restons à couvert», explique
Pierre-Yves Bacchetta, responsable de la stratégie d'investissement
et co-responsable des études financières à la banque Pictet &
Cie.
Mauvaises perspectives
«Pour le moment, on ne voit pas très bien quel catalyseur
pourrait inverser la tendance.» Un rebond intermédiaire est
possible, mais beaucoup de doutes économiques subsisteront ces
prochains mois, abonde Fernando Martins Da Silva, stratégiste à la
Banque cantonale vaudoise (BCV).
Un facteur est venu se greffer sur la tension liée à la crise des
crédits: «Les Etats-Unis frôlent la récession», observe Martins Da
Silva. L'incertitude plane sur les bénéfices qui seront réalisés au
premier semestre 2008 face à tous les vents contraires à l'oeuvre
dans l'économie américaine: détérioration dans l'immobilier,
resserrement des conditions de crédit et prix élevés de
l'énergie.
Et mercredi encore, les cours du pétrole étaient à un jet de
pierre à peine des fameux 100 dollars le baril (99,29 dollars le
baril à New York, avant de clôturer en légère baisse à 97,29
dollars). Leur ascension vertigineuse était toujours portée par les
facteurs de long terme, tels que la demande accrue de pays comme
l'Inde et la Chine ainsi que les incertitudes géopolitiques du côté
du Moyen-Orient.
Le dollar au plus bas
A ces fondamentaux s'ajoute un aspect supplémentaire à court
terme: la dégringolade du dollar, note Martins Da Silva. Le billet
vert a enfoncé mercredi un plus bas historique face à l'euro et au
franc. Sa chute a aussi contribué au renchérissement de l'or noir
puisque le prix de ce dernier est libellé dans cette devise.
Ces derniers jours d'ailleurs, de rares voix se sont élevées au
sein de l'OPEP pour changer de monnaie de référence afin de limiter
un peu l'érosion des revenus des pays producteurs. Toutefois, la
question de la devise choisie par les pays producteurs de pétrole
n'est pas fondamentale pour les économies occidentales, selon
Pierre-Yves Bacchetta.
Les yeux rivés sur la Fed
Au final, «il ne faut pas se leurrer: que le prix du pétrole
soit en dollars, en yens, en euros ou en francs ne change rien».
«C'est un faut débat» car ce problème concerne avant tout les pays
du Golfe. Les regards sont donc surtout tournés vers les
Etats-Unis, et sur l'attitude de la Réserve fédérale
américaine.
Les observateurs se demandent quand elle abaissera ses taux. Car
même si l'économie américaine n'a plus un impact aussi important
qu'autrefois sur la croissance mondiale, elle reste une force
majeure et peut contribuer à un tassement en 2008, juge Martins Da
Silva.
ats/sun
Les titres suisses malmenés
A l'instar des autres places européennes, la Bourse suisse a terminé en forte baisse mercredi. Le Swiss Market Index (SMI) de ses 20 valeurs vedettes a perdu 2,6% à 8125,42 points, contre 8338,95 la veille à la clôture.
A 8080,91 points, le SMI a marqué un nouveau plus bas de l'année en cours de séance. Swiss Re a encore une fois affiché un des plus gros recul, avec une perte de 4,9% à 80,95 francs.
Les autres assurances n'ont pas échappé au trend négatif. ZFS a lâché 3,1% à 296,00 francs, Swiss Life 3,1% à 295,25 francs et Bâloise 2,3% à 105,90 francs ont toutes nettement reculé. Les bancaires n'ont pas eu plus de chance auprès des investisseurs.
UBS a perdu 4,7% à 48,20 francs, Julius Bär 4,6% à 85,05 francs et Credit Suisse 3,3% à 62,30 francs.
Parmi les plus gros perdants du jour figurent Swatch (-6,2% à 300,25 francs) et Clariant (-6,0% à 9,96 francs), qui avait déjà affiché le plus gros recul du SMI la veille.
Le poids lourd Nestlé (-3,9% à 524,00 francs) n'a pas joué son rôle de valeur refuge: dans l'ambiance actuelle de scepticisme, même les défensives sont à vendre, a relevé un courtier. Pourtant, Nestlé a confirmé ses objectifs à l'occasion de l'inauguration d'un centre R&D à Orbe/VD.
Roche (+1,0% à 201,80 francs) est la seule valeur du SMI à avoir gagné du terrain mercredi. Le groupe bâlois a déposé la demande d'homologation d'Actemra pour le traitement de l'arthrite rhumatoïde auprès de la FDA américaine. Un pas important qui conforte les attentes de forte croissance, selon un analystes.
Novartis a reculé de 0,5% à 58,05 francs, ne glissant dans le rouge qu'en fin de séance.