Cette intervention massive sur le marché des changes est l'instrument de politique monétaire auquel la Banque nationale suisse (BNS) recourt depuis près de six ans pour éviter toute appréciation indésirable du franc. Acheter des devises étrangères permet en effet d'émettre davantage de monnaie helvétique, et donc d'en restreindre la valeur. Mais cette dernière est toujours trop élevée aux yeux de la banque centrale.
En effet, le franc suisse fait figure de monnaie refuge en période de crise. Et depuis l'éclatement de la crise du Covid-19, la BNS a précisé mercredi que son activité dans ce domaine s'était renforcée. Sur le premier semestre 2020, elle a acheté davantage de devises étrangères que sur toute l'année 2015, lors de l'abandon du fameux taux plancher face à l'euro.
Cette année-là, un précédent record avait été fixé à 86,1 milliards de francs de devises étrangères achetées. Les niveaux de 2020 devraient donc dépasser très largement ce record. Même si pour Maxime Botteron, économiste chez Credit Suisse, la situation s'est détendue depuis cet été. "En raison de la stabilisation plus rapide de l'épidémie en Europe, on a vu surtout une hausse de l'Euro par rapport à beaucoup d'autres monnaies", analyse-t-il au micro de la RTS.
Incertitudes à venir
Une répétition des niveaux atteints au premier semestre semble donc peu probable, mais selon lui, il y a un risque sur la fin de l'année de voir de nouvelles pressions à la hausse sur le franc suisse. "Il y a une série d'événements qui peuvent augmenter la perception du risque (ndlr. par les marchés financiers), notamment les élections aux États-Unis ou les négociations autour du Brexit", explique Maxime Botteron, "on peut donc tout à fait imaginer de nouvelles interventions pour éviter que le franc ne s'apprécie trop".
L'institut d'émission a annoncé la semaine dernière un changement dans sa stratégie de communication, avec la publication des interventions désormais à la fin de chaque trimestre. Jusqu'ici, la BNS dévoilait au printemps les chiffres de l'année précédente. Les analystes et autres spécialistes en étaient réduits à estimer les interventions de la banque centrale sur la base des statistiques disponibles ainsi que du bilan de la BNS.
jop avec ats