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L'UBS enlisée dans la crise des "subprimes"

L'UBS mise en cause aux Etats-Unis.
La première banque de Suisse n'exclut pas une perte nette en 2007
L'UBS a inscrit de nouveaux amortissements dépassant 11,3 mrds de francs en raison de la crise des crédits. Le no1 bancaire suisse table sur une perte au 4e trimestre et n'exclut pas une perte nette sur l'ensemble de l'année.

L'UBS lance un montage financier en trois points pour sauver sa
peau face aux déboires subis dans la crise du crédit à risque aux
Etats-Unis. Le no 1 bancaire suisse va accroître sa base de capital
de 19,4 milliards de francs et ses dépréciations de 10 milliards de
dollars.

Ce nouveau coup de tonnerre, après celui de moindre ampleur
annoncé fin octobre, situe l'étendue des dégâts subis par l'UBS et
son exposition au marché hypothécaire américain à risque
(subprime). Au total, la grande banque doit faire inscrire dans ses
comptes une dépréciation de positions supérieure à 15 milliards de
francs. Du coup, ce montant pourrait même faire passer le résultat
net 2007 dans le rouge.

Singapour vient en renfort

Devant l'ampleur des amortissements, l'UBS actionne plusieurs
mécanismes à même de la remettre à flot pour un total de 19,4
milliards de francs. Et le salut vient en grande partie de
Singapour, via la société d'investissement GIC, qui gère les
réserves de change de la ville Etat. Celle-ci va participer pour 11
milliards de francs à la recapitalisation du numéro un bancaire
suisse en difficulté, via l'émission d'un emprunt obligataire
convertible en actions de 13 milliards.



Le solde (2 milliards de francs) provient d'un investisseur du
Moyen-Orient, dont le nom n'est pas dévoilé. L'entrée future de ces
deux acteurs, entre autres mesures, devra être avalisée par les
actionnaires, convoqués pour une assemblée générale extraordinaire
à la mi-février.

Revente d'actions

Les obligations donneront droit à un coupon de 9% jusqu'à la
conversion en actions ordinaires. Une étape qui devrait intervenir
dans deux ans. Le produit de l'émission obligataire sera considéré
comme fonds BRI de catégorie 1, selon les normes de la Banque des
règlements internationaux (BRI) relatives aux fonds propres.



A côté de ces 13 milliards de francs, l'UBS va mobiliser 2 autres
milliards en revendant 36,4 millions d'actions propres destinées
initialement à être annulées. La banque signale qu'un intérêt
existe à cette émission d'actions et qu'elle placera les titres le
«moment venu».

Actionnaires aussi

Les actionnaires de l'UBS subiront
aussi des mesures extraordinaires. Ils sont invités pour l'exercice
2007 à renoncer à un dividende en numéraire au profit d'un
dividende en actions.



Cette «attribution gratuite d'actions nouvelles» permet à l'UBS
d'augmenter les fonds BRI de catégorie 1 de 4,4 milliards de francs
(portant le total à 19,4 milliards), dont près de 3,3 milliards
proviennent des dividendes au titre des neuf premiers mois de 2007.
Le solde trouve son origine dans la part de dividende
résiduelle.

Fini les records

L'UBS avait déjà essuyé une perte nette de 830 millions de
francs durant un 3e trimestre marqué par un amortissement de 4,2
milliards. Le 30 octobre, à la divulgation de ce dernier, l'UBS
affichait encore un bénéfice net sur neuf mois cette année de 7,7
milliards de francs.



L'UBS se retrouve en grosse difficulté après avoir connu deux
exercices record précédemment. Elle a ainsi généré plus de 14
milliards de francs de bénéfice net en 2005 et de plus 12,2
milliards l'an dernier.



Le Credit Suisse semble pour l'heure mieux encaisser la crise du
subprime. Le numéro deux bancaire helvétique a dégagé un bénéfice
net en baisse de 31% à 1,3 milliard de francs au 3e trimestre, mais
sur neuf mois, son résultat affiche un record de 7,22 milliards. A
la Bourse suisse, l'action Credit Suisse s'échangeait en hausse de
3,6% à 72,30 francs. Au même moment, le SMI gagnait 0,94%.



ats/bri

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L'action UBS rebondit en fin de séance

Au centre de tous les commentaires après cette dépréciation de 11 milliards de francs, l'action UBS a finalement terminé en hausse de 1,4% à 58 francs, à la suite d'une séance mouvementée.

Après avoir ouvert en baisse, l'action UBS a affiché dans l'après-midi une hausse de 2,53% à 58,65 francs suisses dans un marché positif (+0,48%). Sur le marché, c'est davantage l'ampleur de la dépréciation d'actifs qui a inquiété, plutôt que l'amortissement lui-même.

Ces dépréciations suscitent déjà des commentaires sur les salaires du président Marcel Ospel et de la direction. Marcel Ospel a d'ailleurs indiqué qu'il ne recevra pas de bonus cette année.

Il ne s'attend à aucune rémunération de ce type, a-t-il déclaré lundi. L'an dernier, il avait obtenu un salaire total de 26,6 millions de francs, en hausse de 11% sur un an. Quant à son avenir, Marcel Ospel le voit toujours à la tête du conseil d'administration de la grande banque, a-t-il affirmé sur les ondes de la DRS lundi matin.

Concernant les suppressions d'emplois, elles resteront dans l'ordre de grandeur déjà indiqué au cours de l'automne. L'UBS s'apprête à biffer 1500 emplois dans ses activités de banque d'investissement.

Singapour ne vise pas le contrôle

UBS pourra voir le gouvernement de Singapour accroître sa présence dans son capital jusqu'à 9% via le Government of Singapore Investment Corporation Pte. Ltd (GIC).

Toutefois, le GIC précise lundi ne pas viser le contrôle de la direction de la banque suisse. L'investisseur a précisé qu'il était prématuré de dire s'il allait siéger au conseil d'administration d'UBS, même s'il s'attend à une offre en ce sens.

Selon le GIC, qui gère les réserves de changes de Singapour, les perspectives à long terme d'UBS sont intactes, notamment dans la gestion de fortune.

La GIC est un acteur qui agit au niveau mondial depuis plus de 25 ans. Elle gère un portefeuille diversifié en actions, obligations, monnaies et matières premières ainsi que des investissements dans des fonds alternatifs, immobiliers et de sociétés non cotées.