Après une année 2006 euphorique, "2007 n'a pas été aussi forte,
mais néanmoins les marchés ont assez bien progressé", estime John
Silvia, économiste chez Wachovia, malgré la chape de plomb jetée au
second semestre par la crise des prêts immobiliers à risques
("subprime").
Peu avant Noël, l'indice Standard and Poor's (SP) Global 1200,
composé des valeurs vedettes de 29 Bourses de la planète, avait
avancé d'environ 11%, contre un bond de 19% en 2006. L'indice
vedette de Wall Street, le Dow Jones, qui a franchi en moins de
trois mois entre avril et juillet dernier le seuil des 13'000 puis
des 14'000 points, a connu une progression de 9%.
Marchés en mouvement
Sur les principales places européennes, la tendance est plus
terne, exception faite de Francfort (+21%). Malgré une période de
records au printemps, Paris et Londres ont bon gré mal gré pris 3%
et 5%. Les Bourses asiatiques ont encore concentré l'enthousiasme
des investisseurs (+98% à Shanghaï, +44% à Hong Kong), malgré le
recul de 7% du Nikkei à Tokyo.
"Les marchés ont été en mouvement, parfois violemment", écrit Abby
Cohen, de Goldman Sachs, avec un premier coup de tabac fin février,
quand l'explosion d'une bulle spéculative en Chine était crainte.
Mais, selon M. Silvia, ce retour de la volatilité est "probablement
une bonne chose", car les années précédentes, les investisseurs ne
tenaient pas suffisamment compte des facteurs de risque.
Pour Christophe Donay de Landsbanki Kepler, 2007 marque la fin de
la croissance des bénéfices d'entreprises à deux chiffres. Et
l'évolution des Bourses, qui repose sur les profits des
entreprises, va dépendre en 2008 de la santé de l'économie
américaine, affectée par la crise financière, s'accordent les
analystes.
Croissance affectée
Penchant pour la plupart sur un ralentissement économique marqué
aux Etats-Unis au premier semestre et une relance au second, ils
estiment que la capacité de croissance des bénéfices des sociétés
va s'en trouver affectée. Dans l'ensemble, les cours des actions
devraient augmenter en moyenne de 5% à 10% en 2008 sur les marchés
occidentaux, d'après les différentes estimations des
analystes.
En Europe, la croissance des profits des entreprises sera comprise
dans une fourchette de 0% à 5%, soutient M. Donay. Les valeurs
financières et celles du secteur de la distribution vont rester
vulnérables aux effets latents de l'explosion de la bulle
immobilière, même si celle-ci va s'éteindre mi-2008, ajoute Robert
Keiser de Thomson Financial.
Dollar faible favorable aux USA
Wall Street devrait connaître un retour au calme au second
semestre après la tempête du "subprime", selon Goldman Sachs, et
pourrait voir une hausse de 13% des actions fin 2008, du fait de la
reprise économique et du dollar faible qui devrait notamment être
favorable aux titres tournés vers l'exportation.
Par contre, la faiblesse de la demande intérieure nippone entraîne
une certaine prudence à l'égard du Japon, selon la Deutsche Bank.
Les Bourses asiatiques et celles des pays émergents devraient
poursuivre sur leur lancée en raison de leur faible dépendance de
la conjoncture américaine mais "un ralentissement de la croissance
économique mondiale devrait entraîner des corrections dans ces
marchés en surchauffe", avertit M. Donay.
afp/tac
Pétrole: bientôt 100 dollars le baril?
L'horizon des 100 dollars le baril est en vue pour le marché du pétrole en 2008, les prix de l'or noir ayant connu une forte progression en 2007 et montrant peu de signe d'essoufflement même si le ralentissement des économies occidentales pourraient peser sur la demande.
De moins de 50 dollars le baril en janvier, les prix du pétrole ont atteint un record historique de 99,29 dollars le 21 novembre. Peu d'observateurs avaient prévu une telle envolée. Ils tablent à présent sur un baril de brut à 105 dollars à la fin 2008.
"Un hiver froid, un resserrement de l'approvisionnement de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ou une augmentation plus faible de la production des pays ne faisant pas partie de l'Opep pourraient pousser les prix au-dessus de 100 dollars", estime Leo Drollas, du Centre for Global Energy Studies, à Londres.
Les USA - la 1ère économie mondiale - doivent faire face à la fois à la crise du secteur immobilier et au resserrement des conditions de crédit. Dans de telles conditions, les analystes de la banque d'affaires new-yorkaise Merrill Lynch prévoient une moyenne des prix du baril en 2008 de 82 dollars.
Du côté des producteurs, l'Opep pourrait encourager une baisse des prix en augmentant leur production, mais elle a écarté une telle éventualité lors d'une réunion d'Abou Dhabi début décembre. Certains tiennent leur cartel comme directement responsable de l'envolée des prix cette année. "L'Opep n'a pas produit assez, c'est aussi simple que cela", affirme Leo Drollas.
Un autre analyste, rejoint par l'Opep, attire aussi l'attention sur ce qu'il appelle "la financiarisation du pétrole", qui voit l'or noir devenir un produit d'investissement pour les spéculateurs et les fonds de retraite.