Pendant des mois, les croisiéristes ont été contraints de stopper leurs activités. Le secteur redémarre enfin, mais très lentement. MSC Croisières, dont le siège se trouve à Genève, exploite une flotte de 17 paquebots. Pour l'heure, un seul bateau a repris la mer en Méditerranée, rempli à la moitié de sa capacité. Un autre suivra d'ici quelques jours.
Pour redémarrer les moteurs, la compagnie a décidé de créer un protocole sanitaire très strict. Un travail de longue haleine.
"Nous sommes allés à Bruxelles. Nous avons approché toutes les autorités centrales, ministérielles, régionales, locales, portuaires, au niveau des villes. C’était un travail impressionnant. Nous avons vu à quel point les départements sanitaires dysfonctionnent. Chacun a sa vision, sa propre opinion. Il n’y a pas de plateforme commune qui permette d'harmoniser la réponse face à la pandémie", explique Pierfrancesco Vago.
Tests rapides
Ce protocole sanitaire a ensuite servi à d'autres acteurs de l'industrie du tourisme. Le document repose essentiellement sur un pilier: tester tout le monde. Avant de monter à bord du bateau, un test rapide de détection d'antigènes est effectué.
Pour Pierfrancesco Vago, il s'agit de la seule option. "Nous avons un groupe d’experts qui nous aide à analyser ces données. Il y a beaucoup de personnes asymptomatiques. De nouvelles technologies sont en train d’arriver, avec des tests moins chers et plus rapides. Donc si dans ce nouveau monde nous avons la capacité d’avoir des résultats en deux minutes, cela nous permettra de vivre une nouvelle normalité", assure le président de MSC, qui estime que les tests "classiques" sont d'un autre temps.
La vie à bord des bateaux de croisière a bien changé, avec le port du masque, la distance physique et les nettoyages renforcés. Ce sont désormais des vacances dans une "bulle de sécurité". Les excursions sont strictement encadrées par MSC.
"Nous gardons le contrôle sur le nombre de passagers. Nous nous assurons qu'ils prennent un bus dans lequel le chauffeur a été testé. Le guide a aussi été testé. Nous évitons toujours le contact entre la population locale et nos passagers. Les habitants sont heureux, parce que nous contribuons à l'économie locale. Mais nous ne prenons aucun risque de contamination entre la population et les passagers", explique Pierfrancesco Vago.
La compagnie utilise aussi les bracelets des passagers, qui permettent de savoir si un contact étroit avec une personne infectée a eu lieu.
Des millions de pertes
Sur le plan financier l'impact sera colossal, après des mois d'arrêt, une reprise incertaine et des bateaux à quai qui ne rapportent rien.
"Evidemment que nous sommes en train de perdre de l’argent. Mais en tant qu’entreprise familiale, nous pouvons le supporter. Deux nouveaux bateaux seront livrés en 2021. Nous devons être prêts l’an prochain pour refaire naviguer toute notre flotte. Mais bien sûr, nous ne récupérerons jamais les centaines de millions que nous perdrons en 2020", lance, optimiste mais lucide, Pierfrancesco Vago.
Des mastodontes du secteur, comme les compagnies américaines Carnival ou Royal Caribbean, ont déjà annoncé des pertes de plusieurs milliards de francs.
Romain Bardet/gma