Thomas Jordan, président de la BNS: "Une crise permanente depuis 13 ans"

"Les crises ne sont pas exactement les mêmes", précise Thomas Jordan, qui évoque la crise financière mondiale de 2007-2008, celle de la dette européenne et, maintenant, celle du Covid-19.

"Cela crée des situations très difficiles. Les instruments ont changé. A l'époque, avant 2007, on a toujours géré la politique monétaire avec les variations de taux d'intérêt. On fait maintenant beaucoup d'autres choses, comme des interventions sur les marchés des changes", explique le patron de la banque centrale de la Suisse.

"La Suisse s'en sort relativement bien"

Selon Thomas Jordan, le rôle de la BNS est resté le même au fil des crises. "Notre mandat est d'assurer la stabilité des prix et de soutenir l'économie. Nous prenons toujours la conjoncture en considération quand nous décidons de politique monétaire", indique-t-il.

>> Voir le sujet de TTC qui rappelle le rôle joué par la BNS :

Le Biennois rappelle que la Suisse est dans une forte récession, avec une croissance négative de 5%. Toutefois, il estime que le pays a plutôt bien géré la situation du coronavirus, en comparaison avec d'autres nations. "La Suisse s'en sort relativement bien", estime-t-il.

Fortune convoitée

En période de crise, la fortune de la BNS est très convoitée, avec un bénéfice de 48,9 milliards de francs en 2019. La banque centrale redistribuera 4 milliards aux cantons et à la Confédération.

Pourrait-elle se montrer plus généreuse? "La BNS revoit régulièrement sa stratégie distribution. Il n'y aurait pas de sens à donner une fois 10 ou 20 milliards et après plus rien du tout pendant plusieurs années. Nous avons un système raisonnable et nous essayons de 'lisser' cette distribution", répond Thomas Jordan.

Par ailleurs, ce dernier coupe court à l'idée de l'hélicoptère monétaire, qui consiste à distribuer directement de l'argent aux citoyens. "Ce n'est pas dans le cadre légal. Pour la Suisse, cela n'est pas nécessaire, nous avons une situation trop bonne pour le faire. Cette mesure n'intervient que dans une situation extraordinaire, de crise très forte, dans laquelle nous ne sommes pas. Actuellement, il n'y a pas de problème que nous ne pouvons pas résoudre avec les instruments traditionnels."

>> Voir l'intégrale de l'interview :

Propos recueillis par Patrick Fischer

Adaptation web: Guillaume Martinez

_{L'interview est diffusée ce soir dans l'émission TTC (lundi 12 octobre)}