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La hausse des burnouts liés au Covid inquiète les spécialistes

Le coronavirus crée des situations d'anxiété et de stress. Les arrêts de travail sont en augmentation.
Le coronavirus crée des situations d'anxiété et de stress. Les arrêts de travail sont en augmentation. / 19h30 / 2 min. / le 13 octobre 2020
Depuis la fin de l'été, les personnes présentant des certificats d'arrêt de travail pour surmenage sont en augmentation. Les burnouts sont souvent liés aux changements provoqués par le Covid-19. Face au nombre croissant de consultations médicales, les spécialistes s'organisent.

Cela fait désormais 8 mois que l'on vit avec la menace permanente du Covid-19. En moins d'une année, tout a changé, de notre manière de nous saluer à nos voyages, en passant par nos loisirs ou notre façon de travailler. Ce changement brutal pèse sur la société et la bonne santé des entreprises, qui ont dû s'adapter. Et depuis la fin de l'été, elles doivent composer avec un nombre croissant d'arrêt de travail pour surmenage.

Nathalie* est en arrêt maladie pour plusieurs semaines. Elle témoigne au 19h30, à visage couvert: "Je n'arrive plus du tout à récupérer au niveau de la fatigue, qu'elle soit physique ou mentale. Quand j'arrive à dormir, je fais des cauchemars. C'est très anxiogène. Et psychologiquement, je me demande comment avancer? On ne peut pas repartir comme on travaillait avant. Il faut trouver d'autres manières. Je ressens vraiment cette lassitude, ce manque de motivation lié à la fatigue. C'est écrasant."

Un nouveau nom donné par les spécialistes

Le surmenage vécu par Nathalie n'a rien d’exceptionnel. Les spécialistes de la santé au travail ont mis un nom sur cet état d'un genre nouveau: le "burnout post covid" ou "risques psychosociaux".  Il s'agit d'une saturation mentale qui n'est pas due à la maladie directement, mais aux changements qu'elle provoque.

Les consultations auprès de spécialistes sont en augmentation, d'après Lamyae Benzakour, médecin adjointe au Service de psychiatrie de liaison et d'intervention de crises des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

"Il y a eu des périodes de télétravail imposé, puis un retour progressif dans les bureaux. On est dans un contexte empreint d'incertitude, notamment celle de garder son poste. Cette fatigue insidieuse qui s'est installée depuis plusieurs mois avec des difficultés de récupération sur les temps libres est l'un des facteurs de burnout", explique la docteur.

Des entreprises appellent à l'aide

La société genevoise de conseils aux entreprises Fair 4 Safety (F4S) a développé un programme de prévention adapté à cette situation particulière. F4S a d'abord élaboré un questionnaire d'évaluation de l'impact de la crise sanitaire sur les employés. Des remèdes sur mesure sont ensuite proposés en fonction des réponses.

Selon son directeur Alain Meylan, de plus en plus d'entreprises les appellent à l'aide: "Concrètement, elles nous demandent de les aider à déterminer où elles doivent se montrer plus vigilantes et à identifier les faiblesses dans leur organisation. Nous sommes là pour les aider et donner des solutions".

Selon lui, les principaux points sensibles sont l'isolement des employés en télétravail, l'aménagement des bureaux dans le respect des distances, ou encore la communication interne.

* Prénom d'emprunt

Estelle Braconnier, Feriel Mestiri

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