Publié

Les concepteurs de Swisscovid préparent une version dédiée aux fêtes privées

L'application SwissCovid, très controversée, commence à porter ses fruits.
L'application SwissCovid, très controversée, commence à porter ses fruits. / 19h30 / 2 min. / le 13 octobre 2020
Le rôle de l'application Swisscovid dans la lutte contre le coronavirus se manifeste avec la hausse des nouveaux cas. L'application gagne en crédibilité, mais ne fonctionne que pour les transmissions par gouttelettes. Ses développeurs préparent une version dédiée à la lutte contre les infections via les aérosols, dans les fêtes privées et les cafés-restaurants.

Plus de 1,6 million de résidents suisses activent quotidiennement l'application Swisscovid. Souvent critiquée pour son inutilité, l'application gagne en crédibilité depuis la reprise à la hausse des nouveaux cas.

Durant la seule journée de lundi, plus de 600 personnes alertées par l'application ont contacté la hotline fédérale. Un nombre sans précédent qui permet de délester un peu la charge des médecins cantonaux. Pour le professeur de l'EPFL Edouard Bugnion, également membre de la task force Covid-19, ce nombre élevé prouve l'efficacité du système.

Pour rappel, l'application fonctionne de la manière suivante: une personne testée positive reçoit de l'autorité cantonale un code à entrer dans l'application. Swisscovid alerte aussitôt toutes les personnes ayant cotoyé le malade durant plus de 15 minutes à 1,5 mètre. Ces personnes alertées ont dès lors accès à un test gratuit et à la hotline fédérale. La hotline, en bout de chaîne, est désormais témoin de l'efficacité du système.

"Dans certains cas, ce sont des personnes qui ne suspectaient rien. Elles se sont fait tester et sont positives. Dans plusieurs cantons, il y a des cas de plus en plus fréquents de personnes qui n'avaient a priori aucune raison de se faire tester, si ce n'est grâce à l'application Swisscovid", affirme le professeur de l'EPFL.

Prise de conscience

Pour l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), l'application est utile et pas seulement en raison de la hausse du nombre de cas. "Je pense bien sûr que le nombre de cas à la hausse joue un rôle. Mais il y a aussi la conscience de la population qui est plus nombreuse à penser que cette application peut aider à contenir le virus", estime Sang-Il Kim, responsable de la division Transformation numérique à l'OFSP.

Les chiffres de Swisscovid parlent d'eux-mêmes. Le nombre de codes Covid entrés chaque jour par les utilisateurs testés positifs est en hausse depuis une semaine.

Une autre solution pour les fêtes privées

L'application est efficace, mais insuffisante. Car pour l'heure, l'outil n'est utile que pour lutter contre la contagion par gouttelettes. Elle utilise la technologie Bluetooth, qui est basée sur la proximité et la durée du contact. Mais le virus se transmet de plusieurs manières, en particulier par des aérosols dans des lieux clos et mal aérés. Il y a donc des probabilités pour que le virus se transmette à une personne qui n'aurait jamais été à moins de 1,5 mètre durant toute la soirée. Ces évènements sont appelés des super-propagations, et peuvent créer des clusters épidémiques, qui doivent être traités d'une manière différente.

C'est contre ce type de vecteur de contagion que les développeurs de Swisscovid préparent une autre application. Elle pourrait éviter le recours à des obligations d'annonce de fêtes privées, comme celles évoquées à Genève, ou les multiples systèmes à QR code à l'entrée des cafés-restaurants.

>> Relire : A Genève, les fêtes privées nombreuses devront être annoncées

L'application offrirait les mêmes garanties que Swisscovid quant au respect de la vie privée. Aucune donnée d'identification ne circulerait. "Notre protocole ne nécessite pas une annonce, mais permet à l'organisateur d'une soirée privée de générer un QR code, dont il est le seul à avoir la copie. S'il reçoit ensuite un appel du médecin cantonal et qu'un cluster est avéré dans le cadre de la soirée privée, le médecin cantonal a la possibilité de communiquer directement à l'ensemble des personnes qui participaient à la soirée sans avoir besoin de connaître leur nom", explique Edouard Bugnion, de l'EPFL.

L'OFSP se dit intéressé par ce nouveau projet. Les cantons y réfléchissent encore.

Pascal Jeannerat et Feriel Mestiri

Publié