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Coca-Cola licencie en Suisse, une amorce vers un allègement en sucre?

Les boissons sucrées sont moins tendance, Coca-Cola réduit ses effectifs de 20 % en Suisse
Les boissons sucrées sont moins tendance, Coca-Cola réduit ses effectifs de 20 % en Suisse / 19h30 / 2 min. / le 20 octobre 2020
Les habitudes de consommation pendant la pandémie ont changé. Les déplacements au bureau reculent, les achats se font pour le domicile. Coca-Cola a ainsi vu son chiffre d’affaires baisser et a annoncé début octobre la suppression de 20% de ses effectifs en Suisse.

Coca-Cola, une marque créée aux Etats-Unis en 1886, existe en Suisse depuis 1936. Début octobre, la filiale helvétique du géant de la boisson bullée a annoncé son intention de couper ses effectifs d'environ 120 postes sur les 650 que comptent les deux sites de production à Dietikon (ZH) et à Vals (GR). Le siège de Brüttilsellen, en périphérie zurichoise, est aussi concerné.

La raison invoquée? Les changements dans les habitudes de consommation, auxquels la compagnie est confrontée "depuis quelque temps déjà". Dans un mail, la filiale suisse précise que cette tendance a des répercussions sur ses produits ou les formats de conditionnement.

Une consommation qui diminue

Dans les grandes surfaces, les multi-packs ont davantage été vendus que les petits formats ces derniers mois. Un mode d’achat moins rentable pour les marques de boissons sucrées, explique Nicolas Inglard, directeur du centre IMADEO et analyste du commerce de détail, mardi dans le 19h30: "Une petite bouteille de soda achetée dans une station-service coûte 2 à 3 fois plus cher au litre qu'une grande bouteille achetée en magasin pour la maison."

Plusieurs centaines de millions de bouteilles sont consommées chaque jour dans plus de 200 pays du globe, revendique la marque. Mais les sensibilités au sucre changent d'un pays à l'autre. Si les palais américains apprécient les boissons très sucrées, d'autres les trouvent trop agressifs. En Europe, les campagnes de prévention contre le diabète et l'obésité commencent à porter leurs fruits. Des tendances se dessinent depuis une dizaine d’années. Les boissons fortement sucrées sont de moins en moins vendues. Depuis 2007, la consommation a baissé de près de 16%. Elle s’est stabilisée il y a quelques années sous la barre des 70 litres consommés par individu.

Vers l'eau minérale

Dans certains distributeurs, les ventes de boissons sucrées reculent de 3 à 6% par an, au profit des eaux minérales et aromatisées. Ces dernières ont d’ailleurs été rachetées par de nombreuses entreprises. Un moyen de se placer dans un marché en pleine expansion, analyse Nicolas Inglard.

En 2018, Pepsi-Cola a fait l’acquisition de Soda Stream. Le but: faire concurrence à Coca-Cola qui a, elle, racheté les sources minérales Valser en 2002. La firme possède aujourd’hui 17 autres marques, comme Fanta, Sprite ou encore les jus de fruits Innocent.

S’il existe bien une tendance à consommer moins sucré, il est encore difficile de l’observer dans les bistrots, selon Antoine Remor, propriétaire du Café Remor à Genève: "Il y a effectivement une tendance vers des boissons moins sucrées, mais c'est un marché de niche pour l'instant. Le consommateur de coca continuera de consommer du coca", anticipe le tenancier.

Si Coca-Cola, sa mythique bouteille et tous les autres produits du groupe connaissent une baisse de régime, il n’en reste pas moins un géant très lucratif, avec un bénéfice qui s’élevait en 2019 à près de 9 milliards de dollars.

Gabriela Cabré/boi

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