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Les paysans veulent profiter de l'embellie

Le prix du blé fait beaucoup parler de lui depuis quelques mois.
Les paysans veulent profiter de la hausse du prix des denrées
La politique agricole suisse doit encourager une augmentation de la production pour compenser la raréfaction des produits sur les marchés mondiaux, a plaidé vendredi l'Union suisse des paysans (USP) dans son rapport annuel 2007.

«La situation de l'agriculture s'est inversée sur l'échiquier
mondial en 2007», a déclaré Hansjörg Walter, président de l'USP,
lors de la conférence de presse annuelle de son organisation tenue
vendredi dans une exploitation agricole de Villars-les-Moines
(BE).

«La demande a largement dépassé l'offre et les prix se sont
orientés à la hausse», a dit Hansjörg Walter. «La paysannerie est à
nouveau appelée à jouer un rôle important», a poursuivi le
président de l'USP. Selon lui, la politique suisse a encouragé ces
dernières années l'agriculture extensive en reléguant la production
à l'arrière-plan.

Non au libre échange

La famine ne menace vraiment pas la «riche Suisse», «mais il est
insensé de se rendre de plus en plus dépendant de l'étranger en
matière d'approvisionnement». «Attention», a prévenu le président
de l'USP, «pour réussir, les familles paysannes ont aussi besoin de
conditions cadres stables. Ce n'est donc pas le moment de mener des
opérations kamikazes sur le plan politique et d'envisager, par
exemple, un accord de libre échange agricole avec l'Union
européenne».



Dans leur rapport de situation 2007, les responsables de l'USP ont
mis cette fois l'accent sur les mérites de la stratégie de
«diversification», également connue sous le terme de «para
agriculture». Il s'agit pour les familles paysannes d'augmenter
leur revenu en offrant des prestations en marge de la production
agricole de base.

Vers des paysans-entrepreneurs

«Il n'existe pas de recette universelle applicable à toutes les
exploitations agricoles», a lancé Jacques Bourgeois, directeur de
l'USP. Selon le nouveau conseiller national (PRD/FR), plusieurs
pistes sont possibles: la transformation et la commercialisation
des produits de la ferme, des offres agro-touristiques, ou encore
des services en faveur de l'environnement et de la production
d'énergie.



«L'avenir appartient aux paysans créatifs ayant le sens
entrepreneurial», a commenté le vice-président de l'USP et ancien
conseiller national (PRD/GE) John Dupraz. Encore faut-il que ces
familles qui innovent aient la marge de manoeuvre nécessaire et des
conditions cadres favorables.



Selon Hansjörg Walter, le concept de para-agriculture doit être
clarifié. Un postulat dans ce sens doit être soumis au parlement
fédéral. Les besoins de la para-agriculture devront être pris en
compte lors de la révision globale de la loi sur l'aménagement du
territoire, a plaidé pour sa part Jacques Bourgeois.



ats/ap/cab

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Une année 2007 contrastée

Les responsables de l'USP ont par ailleurs dressé un bilan contrasté de l'année agricole 2007.

Les conditions météorologiques ont permis de réaliser de bonnes récoltes, malgré la propagation du feu bactérien qui a causé de graves dégâts aux arbres fruitiers.

Le marché du bétail a connu une évolution positive, tandis que le prix du porc est resté instable à un bas niveau.

Après des années de dégringolade, le prix payé aux producteurs de lait a augmenté de 6 centimes.

La valeur de production de l'agriculture s'est accrue de 3,6% à 10,3 milliards, alors que le revenu net d'exploitation a progressé de 2% à 2,6 milliards.

Le revenu paysan atteint seulement la moitié du salaire perçu dans les autres secteurs de l'économie, rappelle encore l'USP.

Entre 2005 et 2006, le revenu du travail par unité de main-d'oeuvre familiale est passé de 36'700 à 35'500 francs et le revenu agricole par exploitation de 54'300 à 52'900 francs.

Les chiffres 2007 devraient être meilleurs, compte tenu de la hausse partielle des prix à la production survenue à l'automne.