Ce que l'on considérait comme l'avenir du travail est en fait déjà là, selon ce document intitulé "L'avenir du travail".
"Des projets qui, peut-être, étaient planifiés pour 2021-2022 ont été anticipés", explique l'un des participants à cette étude, Antonio Russo, jeudi dans La Matinale. "Nous voyons également une accélération de projets digitaux", constate cet associé du cabinet Deloitte. "Par exemple dans l'industrie pharmaceutique, les représentants de vente ont beaucoup plus de difficultés à rencontrer certains médecins et hôpitaux. Donc ils s'appuient sur des technologies digitales pour avoir les interactions qu'ils avaient dans le passé de manière personnelle."
Tendance encore plus nette en Suisse
Les mutations du travail prennent donc de la vitesse et cette tendance est encore plus marquée en Suisse: plus de neuf entreprises helvétiques sur dix ont accéléré leurs projets sous l'effet du Covid-19. La main d'oeuvre étant onéreuse, les investissements dans l'automatisation sont en effet plus rentables qu'ailleurs.
Dans ce contexte, on pourrait craindre des destructions massives d'emplois. D'ici cinq ans, la nouvelle division des tâches entre machines et humains pourrait affecter 85 millions de postes dans le monde et près de la moitié des travailleurs qui conserveront leur poste au cours des cinq prochaines années auront besoin d'une réorientation liée à leurs compétences de base.
L'automatisation crée aussi des emplois
Mais Antonio Russo se veut optimiste: "Les rôles dans des domaines tels que la saisie des données, la comptabilité, le soutien administratif, sont de moins en moins demandés", souligne-t-il en assurant qu'il ne faut pas avoir peur. "Au cours des 25 dernières années, 800'000 nouveaux postes ont été créés en Suisse, essentiellement grâce à l'automatisation", rappelle-t-il.
Les créations d'emplois seront donc plus importantes que les destructions, selon le Forum économique mondial. Mais les effets conjugués de la pandémie et de l'automatisation risquent d'exacerber les inégalités, avec comme premières victimes les bas salaires, les femmes, les jeunes et les moins diplômés.
Cléa Favre/oang