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Climat de consommation morose en Suisse

La consommation des ménages devrait soutenir la conjoncture.
Les Suisses ont revu leur budget à la baisse, relève le SECO.
Les ménages suisses ont le moral en berne. L'indice du climat de consommation s'est encore dégradé en juillet, plongeant dans le négatif pour la première fois depuis près de trois ans.

Mais cette chute ne surprend pas le Secrétariat d'Etat à
l'économie L'indicateur publié jeudi par le SECO, au terme de son
enquête trimestrielle auprès de quelque 1100 ménages, s'est inscrit
à -17 points en juillet, contre +2 en avril. Désormais, il se situe
nettement en dessous de sa moyenne pluriannuelle (-8), ce qui
n'était pas arrivé depuis octobre 2005 (-15).

Les trois indices utilisés pour mesurer le climat de
consommation ont tous reculé de façon marquée. Les ménages, qui
jugeaient encore positivement en avril l'évolution économique des
douze derniers mois, sont nettement plus pessimistes en juillet.
Cette composante a chuté à -25 points, contre +2 en avril.

Budget plus serré

Les consommateurs se montrent aussi moins confiants quant à
l'évolution de leur budget au cours des douze derniers mois: cet
indice est passé de -4 en avril à -18 points en juillet. De même,
leurs attentes sur le développement futur de ce même budget ont été
revues à la baisse à -9 points, contre +7 précédemment.



Une variation de l'indice global d'une telle ampleur est certes
relativement rare d'un trimestre sur l'autre, reconnaît Bruno
Parnisari, chef du secteur Conjoncture au SECO, mais "n'est pas
inquiétante". Cette chute de confiance s'explique dans le contexte
actuel: depuis une année, de nombreuses informations ont
déstabilisé les consommateurs, ce qui se reflète notamment dans la
moins bonne appréciation de la situation économique des douze
derniers mois, a t-il noté.



Quant à l'évolution du moral des consommateurs helvétiques au
prochain trimestre, elle est difficile à prévoir. Si l'indice du
climat de consommation est fortement corrélé à l'économie réelle,
il comporte aussi une dimension subjective, ce qui le rend très
fluctuant.

Prévisible

Quoi qu'il en soit, l'indice global est en ligne avec les
prévisions du SECO, qui a déjà tenu compte d'un fort ralentissement
économique cette année et l'an prochain. Alors que la croissance a
été marquée entre 2004 et 2007, le produit intérieur brut (PIB) de
la Suisse ne devrait progresser que de 1,9% en 2008 et de 1,3% en
2009, selon les dernières prévisions de juin. La contraction du PIB dans la zone euro , annoncée
le même jour, était aussi attendue (voir
ci-contre
). "Après une croissance encore solide au premier
trimestre, il fallait logiquement s'attendre à une correction."
"Les chiffres publiés jeudi ne font que confirmer l'analyse que
nous avions déjà faite dès la fin 2007", a-t-il ajouté. Pour 2008
et 2009, le SECO table sur une croissance dans la zone euro de 1,6%
et 1,5% respectivement, a rappelé Bruno Parnisari. Un expert de
l'UBS se montre lui moins optimiste (lire
encadré
).



ats/hof

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Expert pessimiste

Felix Brill, économiste à l'UBS, se montre pour sa part moins optimiste que le spécialiste du SECO Bruno Parnisari.

Il estime que la contraction de l'indice du climat de consommation est plus marquée qu'attendu par de nombreux économistes.

Parmi les autres indices figurant dans l'enquête du SECO mais qui n'entrent pas en compte dans le calcul de l'indicateur général, l'inflation pèse en particulier dans l'évaluation de la situation financière, relève-t-il.

Les ménages ont ainsi estimé en juillet que la hausse des prix durant les douze derniers mois a été plus élevée en juillet qu'en avril (+119 points, contre +96).

Ils anticipaient également plus d'augmentation des prix pour les douze prochains mois (+101 contre +80).

Reste que les consommateurs voient la situation plus noire qu'elle n'est réellement, selon Felix Brill.

Ils pensent que le taux d'inflation se situe entre 4% et 5% alors qu'il ne s'élève qu'à environ 3,1% actuellement et ne devrait pas dépasser 2% d'ici à la fin de l'année.

Le PIB de la zone euro se contracte; première

Les craintes d'une récession ont pris de la consistance dans la zone euro: selon une première estimation jeudi de l'Office européen des statistiques Eurostat, le PIB a reculé de 0,2% au deuxième trimestre comparé au premier.

Si le retour de bâton était attendu après la croissance inespérée de 0,7% enregistrée au premier trimestre, la performance est quand même la plus mauvaise jamais enregistrée. Depuis sa création en 1999, la zone euro n'avait pas connu pire qu'une croissance nulle, au deuxième trimestre 2003.

Le PIB français a reculé de 0,3%, après une croissance de 0,4% au premier trimestre, la plus mauvaise surprise de la journée en Europe. Le PIB de l'Allemagne a reculé de 0,5% et celui de l'Italie de 0,3%. Par ailleurs, la croissance est nulle au Pays-Bas et maigrichonne (+0,1%) en Espagne.

Certains économistes commencent à parler de récession - une récession se définit par deux trimestres consécutifs de recul - mais d'autres se montrent plus prudents.