La hausse enclenchée en 2002 devrait se poursuivre en raison de
la baisse de la production dans certains pays non membres de l'OPEP
(Organisation des pays exportateurs de pétrole), d'une forte
croissance de la demande d'Etats comme la Chine ou l'Inde et des
tensions en matière de capacité de raffinage. En outre, les
solutions de rechange
(biocarburants, gaz...) pour l'industrie sont encore peu
efficaces.
Le prix du pétrole pourrait même doubler d'ici à dix ans, estime
une experte de l'institut de conjoncture allemand DIW. Dans une
interview au «Berliner Zeitung», Claudia Kemfert «mise sur une
nouvelle hausse à 105 dollars à court terme.»
Demande toujours soutenue
La politique d'offre restreinte décidée par le cartel a
contribué à faire monter les cours du «light sweet crude» américain
de près de 58% l'an dernier, leur plus forte hausse en dix ans.
Depuis 2000, les cours ont pratiquement triplé. «Le pétrole
pourrait encore monter», estime Kris Voorspools, analyste chez
Fortis à Bruxelles. «Il s'agit d'une simple question d'offre et de
demande.»
«Nous estimons difficile de concevoir un scénario qui n'intègre
pas une hausse régulière des prix chaque année», renchérit Kevin
Norrish, analyste chez Barclays Capital à Londres qui souligne que
la demande se poursuit «malgré le niveau élevé des cours». L'OPEP,
qui fournit plus du tiers du pétrole mondial, dit ne pas pouvoir
faire grand-chose pour faire baisser les prix dans la mesure où la
plupart de ses treize membres produisent à leur capacité
maximum.
Croissance ou récession?
Pour l'instant, l'économie mondiale s'est accommodée de la
flambée des cours de l'or noir. Le franchissement du cap des 100
dollars va-t-il mettre à mal cette résistance? Les avis sont
partagés. «Les prix pourraient monter beaucoup en raison de la
forte demande du Brésil, de l'Inde et de la Chine, mais d'un autre
côté, ils pourraient aussi fortement baisser dans la mesure où ces
niveaux de prix pourraient entraîner une récession mondiale»,
estime Nauman Barakat, chez Macquarie Futures USA.
La plupart des prévisionnistes tablent sur une poursuite de
l'augmentation de la demande. L'Agence internationale de l'énergie
(AIE), dans les «Perspectives énergétiques mondiales» publiées le 7
novembre, a maintenu sa prévision pour un accroissement de 1,3% par
an de la demande mondiale jusqu'en 2030, tout en révisant à la
hausse ses estimations des prix de l'or noir.
L'AIE n'exclut pas non plus la possibilité d'une offre
insuffisante d'ici à 2015 qui pourrait entraîner une véritable
flambée des cours. «L'époque du pétrole bon marché est terminée»,
estime le Libyen Choukri Ghanem.
ats/cab
Le brut dépasse les 100 dollars le baril
Le brut a dépassé jeudi pour la première fois de son histoire le prix de 100 dollars le baril (100,05 USD).
Ce seuil a été franchi dans la foulée d'une contraction des réserves américaines et dans un contexte de tensions géopolitiques mêlées à d'intenses spéculations.
Alors que les analystes tablaient sur un recul des stocks de 2 millions de barils, le gouvernement américain a annoncé une baisse très prononcée de 4 millions de barils. Cette annonce a ravivé les craintes de pénurie.
La veille, le baril de brut avait tou ché, sans le dépasser, le seuil symbo lique des 100 dollars à New York.
Plusieurs facteurs pour un nouveau bond
Le pétrole avait augmenté de manière importante mercredi en raison d'une multitude de facteurs, incluant l'attente d'une chute des stocks américains, un regain de violence au Nigeria, un dollar qui dégringole, et une intense spéculation sur les matières premières.
De plus, la glissade du dollar participe presque mécaniquement à la hausse des prix : la faiblesse du billet vert pousse les producteurs à vendre plus cher le pétrole pour préserver leurs revenus. Et les investisseurs munis d'autres devises, voyant leur pouvoir d'achat augmenter, sont incités à acheter plus de produits vendus en dollars, comme l'or ou le pétrole.
Le marché, sensible aux tensions géopolitiques notamment au Pakistan après l'assassinat de l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto, réagit également aux violences qui ont touché le Nigeria, premier pays producteur de pétrole en Afrique.
Selon les analystes, le pétrole pourrait passer la barre des 100 dollars jeudi après la publication des réserves pétrolières américaines. Pour la semaine achevée le 28 décembre, les analystes anticipent la publication d'une chute des stocks de brut pour la septième semaine d'affilée.