Depuis vendredi, aucun employé n'est venu travailler dans
l'usine de Singur (Etat du Bengale Occidental) à la demande de
Tata, et des ressortissants étrangers travaillant sur place sont
rentrés chez eux, précise le constructeur.
La Nano, destinée au marché indien, doit être commercialisée à
partir de la fin de l'année au prix de 2.500 dollars mais le
mouvement de contestation actuel pourrait retarder sa sortie.
Paysans en colère
Des paysans manifestent depuis deux ans, se plaignant de ne pas
avoir été correctement indemnisés pour la perte de terres utilisées
pour la construction de l'usine. Avec le soutien de partis
politiques d'opposition, ils ont bloqué une route devant l'usine.
La protestation s'est intensifiée et les manifestants, estimés à
des dizaines de milliers, ont bloqué des employés dans l'usine la
semaine dernière.
Evoquant un environnement "hostile" autour de son usine, Tata
estime que le site "ne peut pas fonctionner efficacement" dans ces
conditions, souligne un porte-parole de la firme dans un
communiqué. Tata a investi 350 millions de dollars dans son usine
de Singur. Réagissant à l'arrêt de l'unité de production, le
ministre de l'Industrie du Bengale Occidental, Nirupam Sen, a
évoqué "un jour triste" pour sa région.
Selon Suresh Rangarajan, un porte-parole de Tata, le constructeur
indien envisage de relocaliser l'unité de production de la Nano sur
d'autres sites de la firme en Inde.
Fleuron de l'économie
Le conglomérat Tata est une icône nationale en Inde, avec 98
filiales allant du thé à l'acier, et un champion de la
mondialisation qui a dépensé des dizaines de milliards de dollars
pour rafler des sociétés en Occident et en Asie.
Outre sa dernière prise de Jaguar et Land Rover, pour 2,3
milliards, il s'est emparé en 2007 du sidérurgiste
anglo-néerlandais Corus pour 13 milliards, la plus grosse
acquisition jamais réalisée à l'étranger par une entreprise
indienne.
agences/geg
Fin du miracle économique indien
L'économie de l'Inde est en plein ralentissement avec son plus mauvais taux de croissance depuis trois ans à 7,9% entre avril et juin, après quatre années d'euphorie et d'auto-satisfaction des élites politiques et économiques, qui rêvent de hisser l'Inde au rang de "superpuissance" égale de la Chine.
Au cours de ce premier trimestre, les croissances d'activité des trois secteurs de l'économie indienne (services, industrie et agriculture) ont toutes marqué le pas.
Un Etat encore très rural
Près des deux tiers des 1,1 milliard d'Indiens vivent en milieu rural et dépendent directement ou indirectement du secteur agricole.
Cette population souffre énormément de la flambée des cours des denrées de base, comme le riz, le blé, l'huile, le gaz ou le thé.
Entre 455 millions et 620 millions d'Indiens vivent avec moins d'1,25 dollar ou 1,35 dollar par jour selon les statistiques de la Banque mondiale ou celles de la Banque asiatique de développement.