Ant Group, numéro un mondial du paiement en ligne, devait effectuer jeudi une entrée en fanfare sur les places de Shanghai et Hong Kong avec un montant jamais vu pour une introduction en Bourse: 34,4 milliards de dollars, soit 31,4 milliards de francs.
Mais à moins de 48 heures de l'événement, le régime chinois a sifflé mardi la fin de la partie.
A la Bourse de Hong Kong, la nouvelle a fait dégringoler mercredi l'action Alibaba, à qui Ant est affilié, avec une chute de 7,54% à la clôture. Mardi, Alibaba avait perdu 8,13% à Wall Street, où le groupe chinois était entré dans l'histoire en 2014 avec une introduction en Bourse record pour l'époque, de 25 milliards de dollars.
Un géant du paiement en ligne
Ant Group, qui compte 731 millions d'utilisateurs mensuels actifs sur sa plateforme de paiement Alipay, a contribué à révolutionner le commerce et les services de paiement en Chine, les consommateurs utilisant désormais massivement leur smartphone pour régler leurs achats.
Créée en 2011 pour permettre le paiement sur les plateformes de vente en ligne, Ant Financial a géré l’an dernier l’équivalent de 16 milliards de francs, soit plus que Visa et Mastercard réunis.
Limitée au marché chinois, Ant propose aussi des placements, du crédit, et des assurances. En moins de dix ans, l’entreprise a révolutionné la finance en Chine, secteur traditionnellement monopolisé par les grandes banques d’Etat. Elle bouscule le système au moment où Xi Jinping tente de réaffirmer le rôle dirigeant du Parti communiste sur l’économie.
Protéger le système bancaire
Les autorités justifient le changement réglementaire de dernière minute par la nécessité de combattre tout phénomène spéculatif. Pékin craint l’émergence des géants privés de la finance, susceptibles de fragiliser son système bancaire déjà soumis à l’explosion de la dette.
Officiellement, les autorités de tutelle ont invoqué mardi les obligations d'Ant Group en matière d'information, alors même que la réglementation des prêts en ligne vient de se durcir.
En clair, Pékin estime que les nouvelles obligations imposées à Ant vont peser sur ses résultats, réduisant d'autant le pactole promis à terme aux actionnaires.
Vers une entrée en bourse plus modeste?
L'avenir d'Ant Group dépend désormais de sa capacité à mener à bien ou non sa fameuse entrée en Bourse.
"Je pense que l'introduction se fera toujours, peut-être dans six mois. Mais la publicité se fera plus discrète et le prix de l'action risque d'être plus bas qu'anticipé", prévoit Zhiwu Chen, professeur de finance à l'Université de Hong Kong.
Pas sûr qu'Ant parviendra à battre cette fois le record établi l'an dernier par le pétrolier saoudien Aramco, avec une introduction en Bourse à plus de 29 milliards de dollars.
Sujet radio Michael Peuker
Adaptation web avec les agences / cab