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Economie mondiale: croissance, mais inflation

Jean-Claude Trichet prend le risque du ralentissement.
J-C. Trichet a appelé les marchés à être plus compétitifs.
La croissance mondiale demeure forte, mais les risques d'inflation sont toujours importants, a déclaré lundi le porte-parole des dix grandes banques centrales mondiales (G-10) Jean-Claude Trichet.

"La croissance mondiale demeure importante, malgré le
ralentissement observé dans un certain nombre de pays
industrialisés et grâce à la remarquable résistance d'un grand
nombre de pays émergents", a affirmé Jean-Claude Trichet, à l'issue
de la réunion bimestrielle du G-10 au siège de la Banque des
règlements internationaux (BRI) à Bâle.

Risques significatifs

"Nous observons une croissance continue à un niveau important
(...) même si elle est un peu plus faible que l'année précédente",
a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.



Jean-Claude Trichet, qui est par ailleurs le président de la
Banque centrale européenne (BCE), a estimé que "les risques
d'inflation sont significatifs", en raison de la hausse des prix de
l'énergie, des matières premières et des aliments. Cette hausse des
coûts "est perçue dans tous les pays sans exception", autant dans
les pays émergents qu'industrialisés, a souligné Jean-Claude
Trichet, lors d'une conférence de presse.

Denrées alimentaires sur le gril

La flambée des prix des denrées alimentaires a contribué, avec
la hausse des prix de l'énergie, à la poussée inflationniste de ces
derniers mois en zone euro. En mars, le taux d'inflation a atteint
un pic de 3,6%, du jamais vu depuis la création de la zone euro en
1999. La BCE prévoit une inflation de 2,9% en moyenne cette année,
clairement supérieure à son objectif à moyen terme d'un taux
légèrement inférieur à 2%.



La hausse des prix de l'alimentation a provoqué ces derniers mois
une agitation sociale dans plusieurs pays, notamment à Haïti, au
Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Sénégal et en Egypte. Dans
de nombreux de pays en développement, les gouvernements ont été
obligés d'augmenter le niveau des subventions aux biens de première
nécessité et aux carburants, ou de réduire leurs exportations de
produits agricoles pour calmer les tensions inflationnistes sur
leur proche marché.

Répercussion sur les salaires

L'augmentation des prix des produits alimentaires est "un
phénomène important", a ajouté Jean-Claude Trichet, appelant "les
marchés à être aussi compétitifs que possible" pour combattre la
hausse des prix. Le porte-parole des dix grandes banques centrale a
également évoqué la nécessité d'éviter les effets dits de second
tour, c'est-à-dire la répercussion sur les salaires de cette hausse
des prix.



Face à la persistance de la crise hypothécaire et des difficultés
des banques à se refinancer, la Réserve fédérale américaine, la
Banque centrale européenne et la Banque nationale suisse avaient
annoncé vendredi un accroissement de leurs aides à la liquidité des
marchés financiers. "Nous avons mentionné ce point" lors de la
réunion, a commenté M. Trichet, ajoutant cependant ne pas avoir
discuté d'une nouvelle opération conjointe entre instituts
d'émission.



afp/tac

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Un milliard d'Asiatiques affamés?

La flambée des prix alimentaires fait peser un risque de "malnutrition" sur un milliard d'Asiatiques, a déclaré lundi à Madrid le président de la Banque asiatique de développement (BAD), Haruhiko Kuroda.

L'envolée des prix "érode leur pouvoir d'achat et fait planer sur eux un plus grand risque de faim", a-t-il averti lors de son discours inaugural de la 41e assemblée annuelle des gouverneurs de la BAD.

L'institution estime que les plus pauvres des asiatiques, qui dépensent 75% de leur budget en nourriture et énergie, sont directement affectés par les fortes hausses des prix des produits alimentaires et énergétiques.

Samedi, la BAD a annoncé qu'elle allait débloquer des aides budgétaires d'urgence pour les pays les plus durement touchés par la crise alimentaire.

Dimanche, le ministre japonais des Finances a prévenu que cette situation risquait d'entraîner des troubles sociaux en Asie.

Les prix des denrées alimentaires ont pratiquement doublé dans le monde en l'espace de trois ans selon la Banque mondiale.

Parmi les explications figurent le développement des biocarburants, les barrières commerciales, une demande croissante venue d'Asie sur fond de modifications des habitudes alimentaires, la faiblesse des récoltes ainsi que les cours du pétrole, qui pèsent sur le prix des transports.