Dès samedi, Simonetta Sommaruga a adressé ses félicitations à Joe Biden et Kamala Harris, via une lettre au nouveau président et via un message sur Twitter.
"C'est un signal" fort, a-t-elle écrit sur le réseau social. Et d'ajouter: "La Suisse est convaincue que cette nouvelle administration nous permettra de poursuivre et de développer nos excellentes relations avec les Etats-Unis."
La présidente de la Confédération exprime également sa confiance que les deux pays pourront développer la coopération au niveau multilatéral, notamment en matière de promotion de la paix, des droits de l'homme et de la protection du climat.
Une élection saluée par les politiciens suisses
Plusieurs politiciens suisses de tous bords ont également exprimé félicitations, soulagement et joie. Pour le vice-président du PDC Charles Juillard, la victoire de Joe Biden est ainsi une bonne surprise pour l'Amérique, mais il faut désormais espérer que ce résultat n'entraîne pas d'émeutes aux Etats-Unis.
Andrea Caroni (PLR/AI) a salué le résultat dans des termes assez vifs: la démocratie américaine a montré qu'elle était capable de se défendre contre un "briseur du système" et un "semeur de division". Pour Carlo Sommaruga (PS/GE), la victoire de Joe Biden est une bonne nouvelle pour le peuple américain, car le démocrate s'est à ses yeux montré prêt à défendre l'intérêt public avant les intérêts partisans.
Le conseiller national Roger Köppel (UDC/ZH) s'est lui fendu d'une petite leçon de réalisme. "Brillante stratégie", commente-t-il à propos de Joe Biden. "Descendu dans sa cave. N'a rien fait. Le pressing de Trump tombé dans le vide. Biden a mené la campagne la plus efficace de tous les temps."
Les négociations sur l'accord de libre-échange ne devraient pas avancer
De l'avis général toutefois, si cette élection est une bonne nouvelle pour le monde et le multilatéralisme, les relations entre les Etats-Unis et la Suisse ne devraient elles pas changer fondamentalement. Les négociations sur l'accord de libre-échange entre les deux pays ont été difficiles depuis le début et elles devraient le rester.
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En effet, si l'administration Trump s'est dit à plusieurs reprises très enthousiaste au sujet d'un accord commercial entre les deux pays, notamment le président lui-même en début d'année à Davos, les négociations techniques sont toujours en cours. La qualité de la viande importée des Etats-Unis constitue notamment une barrière. Comme en 2006, lors d'un premier échec, les milieux agricoles suisses peinent à avaler une importation de viande aux standards potentiellement moins élevés qu'en Suisse.
En outre, l'ambassadeur américain en Suisse Ed McMullen, une des locomotives de cet accord, a déjà annoncé qu'il quitterait ses fonctions à la fin de cette année, ce qui pourrait retarder les discussions. Enfin, Joe Biden pourrait privilégier le multilatéralisme et une discussion entre l'Europe et les Etats-Unis après l'échec de 2016, et ainsi moins s'attarder sur la Suisse.
Au final, pour Jan Atteslander, membre de la direction de la faîtière de l'économie, la Suisse, pays d'exportation, devra peut-être focaliser son attention ailleurs: il est en effet bien plus important à ses yeux de voir si Joe Biden parviendra à mettre fin aux conflits commerciaux avec de bonnes solutions et s'il arrive à débloquer l'Organisation mondiale du commerce.
Sujet radio: Muriel Ballaman
Adaptation web: Frédéric Boillat avec ats