C'est toute la définition de "loyer abusif" qui a été remise en question par le Tribunal fédéral. Dorénavant, les bailleurs pourront exiger davantage de leur investissement.
Concrètement, cette décision revalorise les rendements immobiliers. Jusqu'à présent, les propriétaires pouvaient obtenir de leurs biens 1,75%. Désormais, ce taux passera à 3,25% sans que cela soit considéré comme abusif.
Cette nouvelle jurisprudence se base sur un cas bien précis, celui d’un couple vaudois qui avait obtenu au tribunal des baux que son loyer passe de 2190 à 900 francs par mois pour un 4,5 pièces à Gland. La Haute Cour a jugé cette baisse excessive et a finalement fixé le loyer à 1400 francs.
Les propriétaires applaudissent
Pour Olivier Feller, secrétaire général de la Fédération romande immobilière interrogé dimanche dans le 19h30, c'est un véritable soulagement: "Il ne s'agit pas d'une victoire mais du constat objectif d'une situation qui se mettait à dysfonctionner. Avec cet arrêt, il ne sera plus possible d'imposer des loyers ridiculement bas qui dissuadent des propriétaires de faire des rénovations et notamment des rénovations énergétiques.
Le conseiller national PLR vaudois estime donc qu'un "certain équilibre est rétabli" et que "le Tribunal fédéral a bien travaillé".
Une mauvaise nouvelle pour les locataires
Du côté de l'Asloca, l'Association de défense des locataires, c'est bien entendu la douche froide. "C'est une décision très politique du Tribunal fédéral", regrette Christian Dandres, membre du Comité Asloca Suisse.
Pour le conseiller national socialiste genevois, "ces dernières années, les rendements ont été très élevés pour les bailleurs, les taux d'intérêt hypothécaire baissent et aujourd'hui on construit un peu plus. Il est possible que dans certaines régions les loyers diminuent et donc le Tribunal fédéral vient pour bloquer ces baisses de loyers et garantir des rendements très élevés aux bailleurs".
Dans cette décision, l'intention du Tribunal fédéral est aussi de protéger par ce rendement supérieur les rentes des caisses de pension. Il bénéficiera toutefois aussi aux assurances et aux petits propriétaires qui possèdent la moitié du parc immobilier helvétique.
Pour Cesar Montalto, président de l’Asloca Vaud interviewé dans La Matinale lundi, cette nouvelle jurisprudence est la porte ouverte à une flambée des loyers:
Philippe Lugassy/ther