A une courte majorité, les personnes sondées estiment qu'il serait plutôt "fair play" de ponctionner les entreprises à qui la pandémie profite. Le virus a dopé leurs bénéfices, il serait donc logique de demander un geste fiscal supplémentaire en guise de participation solidaire. Et parmi la liste des entreprises gagnantes - qu'il s'agirait bien sûr d'établir - on trouverait logiquement des acteurs de l'industrie et du commerce détail, des sociétés pharmaceutiques ou encore des marchands du commerce en ligne.
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Proposition clivante
Sans surprise cette idée d'"impôt solidaire" horripile la droite politique et plaît à la gauche. Les socialistes, Les Verts et la gauche de la gauche ont déposé diverses motions pour demander un effort aux entreprises qui profitent de la crise sanitaire.
La dernière initiative du genre vient d'être rejetée par le Conseil fédéral. Elle émane du groupe socialiste qui a demandé un supplément extraordinaire et temporaire pour les patrons gagnants du Covid. Le popiste neuchâtelois Denis de la Reussille est aussi intervenu en ce sens au Conseil national, alors que plusieurs élus cantonaux ont fait de même dans leurs parlements respectifs.
"Il y a une certaine logique à avoir une solidarité, notamment dans le secteur du commerce de détail, où les petits commerces et les marchés n'ont pas pu faire les revenus habituels, et les consommateurs se sont donc reportés sur les supermarchés et la vente en ligne", estime la conseillère nationale Sophie Michaud-Gigon (Les Verts/VD). "Le marché est clairement influencé par les mesures sanitaires. L'Etat, et les entreprises, peuvent faire quelque chose pour réguler les pots", souligne celle qui est également secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (FRC).
Les rangs libéraux et les milieux proches de l'économie s'opposent à une telle mesure. Ils estiment qu'il faudrait plutôt se réjouir pour les entreprises qui résistent au virus - entreprises qui continuent de payer des impôts - sans les "punir" par des ponctions supplémentaires.
"Il ne faut pas poser la question de cette façon", objecte la conseillère nationale Céline Amaudruz (UDC/GE). Pour la vice-présidente de l'UDC, si "humainement, on ne peut qu'encourager certaines entreprises à aider leurs prochains", il reste néanmoins inconcevable de créer de nouvelles taxes.
Fabrice Gaudiano/kkub