En plus de l'évolution démographique, la prochaine adaptation de
l'AVS devra prendre en compte la distribution des ressources entre
les générations. Pour Yves Rossier, une contribution de solidarité
au sein du groupe des personnes à la retraite permettrait de tenir
compte de cette donne. «Cette nouvelle solidarité, dont les
contours restent à définir, constituerait un complément à la
solidarité intergénérationnelle, qui demeure le fondement du 1er
pilier».
L'implication des générations les plus fortes, par exemple les
personnes de 55 à 75 ans, dans les futures réformes peut contribuer
à équilibrer les sacrifices entre actifs et retraités à l'aune de
la capacité économique des uns et des autres, fait-il valoir.
Inégalités multiples
D'après l'OFAS, près de 560'000 contribuables ne disposeraient
que de «faibles ressources financières». Ce sont surtout des
personnes en âge de travailler: 425'000 contre 135'000
retraités.
Le risque de précarité est le plus élevé aux âges extrêmes de la
vie, soit avant 40 ans quand la famille se constitue ainsi qu'après
80 ans. Outre la situation familiale et l'âge, la formation, la
position professionnelle et le statut migratoire jouent un
rôle.
Les 55-64 ans sont moins exposés, car une part importante de ces
contribuables se porte actuellement très bien financièrement. Cette
tranche d'âge recèle toutefois les plus grandes inégalités dans la
répartition des revenus. Dans l'ensemble, les femmes seules, avec
ou sans enfant, sont à la traîne.
Retraités mieux lotis
Pour leur part, les retraités disposent d'un revenu inférieur à
celui des actifs, les rentes ne remplaçant pas totalement le
salaire versé auparavant. Ils se trouvent néanmoins dans une
situation financière globalement favorable grâce à la fortune
qu'ils ont pu accumuler via l'épargne et, suivant les cas, l'achat
d'une maison.
Les millionnaires sont ainsi bien plus nombreux chez les aînés que
chez les actifs. Les couples s'en sortent par ailleurs mieux que
les personnes seules.
Pour la Confédération, cette analyse constitue la plus
importante jamais réalisée sur la situation économique des Suisses.
L'étude se base sur les données du fisc de cinq cantons (NE, VS,
AG, ZH, SG) et des registres de l'AVS couvrant plus de 1 million de
personnes.
Les résultats «remettent en cause quelques-unes de nos
représentations concernant la répartition des revenus et de la
fortune entre les sexes, les types de familles et les classes
d'âge», relève le directeur de l'OFAS Yves Rossier dans son avant
propos. Vu le faible risque de précarité des retraités, «on peut en
conclure que le système des trois piliers de la prévoyance
vieillesse remplit plutôt bien sa mission constitutionnelle.»
agences/as
Une étude très complète
L'étude s'est penchée sur la situation économique de 1,5 million de personnes âgées de 25 à 99 ans.
6% des rentiers seraient touchés par la pauvreté.
Un cinquième des familles de plus de 3 enfants sont exposées à la pauvreté.
Les autres classes à risque sont les femmes élevant seules leurs enfants et les jeunes invalides.
C'est la première fois qu'une telle étude est menée en Suisse.
Le groupe des 55-75 ans est le mieux loti.
Selon l'étude, le système des trois piliers remplit bien sa mission mais devra tenir compte des inégalités soulignées.
Cette étude a été menée par le professeur Philippe Wanner, de l'Université de Genève, à la demande de l'Office fédéral des assurances.
Les revenus des ménages en bref
Revenu brut mensuel moyen par ménage: 8'967 francs
Revenus du travail: 6'535 francs (72% des revenus)
Revenus issus des transferts (AVS,AI,PP,etc.): 2'079 francs (23,2%)
Revenus de la location et de la fortune: 353 francs (3,9%)