"Ce sont des entreprises ou des gens comme vous et moi qui se soucient du climat", a expliqué lundi dans le 19h30 Christoph Gebald, cofondateur de Climeworks il y a 13 ans.
Avec ses partenaire locaux, le projet Orca de la firme suisse devrait permettre l’exploitation et le stockage par minéralisation d'environ 4000 tonnes par année de dioxyde de carbone
Pour financer la construction de nouveaux collecteurs, l'entreprise zurichoise propose un système d'abonnements. Un paiement de 55 francs par mois permettra par exemple d'assurer la capture et le stockage de 600 kilos de dioxyde de carbone par an.
Soutien de plusieurs entreprises
Le financement de la capture directe de CO2 intéresse aussi les entreprises. La plateforme de services pour boutiques en ligne Shopify soutient Climeworks et son principal concurrent dans le monde, le canadien Carbon Engineering.
La directrice du Shopify sustainability fund Stacy Kauk estime que la capture directe jouera un rôle crucial dans l’inversion du dérèglement climatique: "On a déjà trop attendu. Les recherches ont été faites, il y a des technologies qui sont prêtes et qui n’ont besoin que de capital pour décoller. Nous donnons aussi un signal au marché."
En Suisse, Dillysocks propose désormais des chaussettes climatiques. Pour chaque paire vendue, un franc est versé à Climeworks, qui s’engage à capturer un kilo de CO2. "Climeworks est la première entreprise à savoir filtrer du CO2 définitivement de l'atmosphère et nous sommes persuadés que c'est la solution la plus durable", explique son cofondateur Fabian Knup, en évoquant le partenariat récemment conclu.
Un franc le kilo de carbone négatif
Interrogé sur le rendement de ses installations, Climeworks estime se situer dans la même fourchette que son concurrent Carbon Engineering, entre 90 et 220 dollars par tonne. L’entreprise suisse mise sur un système breveté de filtrage à base d’amines pour capturer le CO2, alors que Carbon Engineering utilise des fluides et s’en tient à vendre sa technologie sous licence à des groupes tiers.
Aux prix actuels, la compensation d’un parcours de 100 kilomètres en voiture (6 litres aux cents) coûterait une quinzaine de francs, calcule Christoph Gebald, le CO2 émis sur ce parcours se montant à près de 15 kilos. L’entrepreneur précise que la capture directe représente une véritable émission négative, contrairement aux systèmes d’échange de quotas ou de droits d’émissions.
Objectif, un milliard de clients
Climeworks affiche l’ambition de rallier un milliard de clients autour de sa solution qui ne requiert ni matériaux rares ni polluants. "Nous sommes prêts, notre technologie a fait ses preuves et elle est multipliable. Les collecteurs peuvent être produits en masse sur des grandes chaînes de montage automatisées." Au final, c'est surtout une question d'argent, une question de volonté, plaide encore Christoph Gebald.
Interrogé sur cette ambition, l’entrepreneur prend l’exemple du smartphone, dont la production annuelle a atteint deux milliard d'appareils en quelques années. "Il y a des exemple dans l'industrie qui montrent que c'est possible. C'est ambitieux, mais il faut l'être car le problème du climat est monstre et seule l'ambition permettra de le résoudre", conclut-il.
Pascal Jeannerat/ther