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Crédits Covid: "On est favorables à réactiver cet excellent instrument"

De nouvelles mesures économiques pour soutenir les entreprises: interview de Marius Brülhart (vidéo)
De nouvelles mesures économiques pour soutenir les entreprises: interview de Marius Brülhart (vidéo) / L'invité-e d'actualité / 8 min. / le 18 novembre 2020
Les économistes de la task force fédérale appellent le gouvernement à réactiver les crédits Covid, pour faire face à la deuxième vague de la pandémie. Ils répondent ainsi aux appels de nombreux entrepreneurs et commerçants.

Les mesures de soutien à l'économie face à la deuxième vague de la pandémie économique devraient être au coeur des discussions du Conseil fédéral mercredi lors de sa séance hebdomadaire.

Le gouvernement pourrait annoncer notamment la réactivation des "crédits Covid", ces prêts sans intérêts, disponibles rapidement, et qui pourraient donner à nouveau - comme au printemps - une bouffée d'oxygène aux entreprises particulièrement affectées.

Les experts en économie de la task force scientifique conseillent en tout cas au Conseil fédéral de le faire sans attendre. "On pense que c'était un excellent instrument et on est favorables à le réactiver maintenant que la deuxième vague nous frappe de plein fouet", explique l'un d'entre eux, le professeur d'économie Marius Brülhart (HEC Lausanne), dans La Matinale. "Cela permet de passer des liquidités rapidement et sans trop d'efforts bureaucratiques à des entreprises qui en ont besoin."

Le remboursement au coeur des enjeux

Mais si les experts soutiennent ce mécanisme, ils reconnaissent que le remboursement de ces crédits doit aussi être discuté. "La grande question", relève Marius Brülhart, est de savoir quelles seront les conditions de remboursement, la durée sur laquelle il faut rembourser et quelle est la part remboursable. "Pour l'instant, tel que l'instrument est conçu, ces crédits sont à rembourser à part entière. Mais on devrait réfléchir à les assouplir un peu, à peut-être annuler une partie de ces dettes après la crise."

Incertitudes sur la durée et l'ampleur de la crise

Pour le professeur d'économie à HEC Lausanne, "ce serait une façon particulière de distribuer des aides à fonds perdus". Le problème est que l'on ignore aujourd'hui quelle sera la durée et la profondeur de la crise. "Il serait plus raisonnable - à mon avis et à celui de beaucoup de collègues - de distribuer des crédits maintenant avec la promesse que si la crise est vraiment profonde et durable, on pourra annuler à la fin une partie de cette dette."

Ce membre de la task force scientifique de la Confédération reconnaît un risque avec ce mécanisme, celui de maintenir en vie artificiellement des entreprises trop fragiles. "Mais il y a aussi le risque, de l'autre côté, qu'on laisse passer une vague de faillites qui va être retardée, qui va ralentir la relance après la crise et qui va freiner l'économie sur le moyen terme", relève-t-il.

"Donc, entre ces deux risques, on est nombreux à croire que le risque de prolonger parfois artificiellement la vie de certaines petites entreprises pèse moins que le risque d'avoir une relance plus lente après la crise."

La vague de faillites est encore devant nous

Une chose est sûre: la deuxième vague de Covid-19 et ses mesures sanitaires inquiètent les acteurs économiques, notamment les cafetiers-restaurateurs, dont certains craignent désormais pour leur survie. Un peu partout en Suisse, et particulièrement en Suisse romande, les cris d'alarme et les appels se multiplient.

On ne le voit pas encore dans les chiffres, mais la pandémie a déjà forcé un certain nombre d'entreprises à mettre la clé sous le paillasson et le mouvement devrait s'intensifier ces prochains mois.

>> Ecouter le reportage de Virginie Gerhard dans La Matinale :

Les restaurateurs crient à l'aide suite à la deuxième vague du Covid-19. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
La crise économique du coronavirus sera-t-elle fatale à de nombreuses entreprises suisses? / La Matinale / 3 min. / le 18 novembre 2020

Les dettes et la culture suisse

"La vague de faillites n'a pas encore eu lieu", confirme Marius Brülhart. "Deux tiers des entreprises qui ont demandé ces crédits ne les ont pas encore utilisés à part entière, mais en avaient vraiment besoin", relève-t-il. "Cela montre la résilience de l'économie suisse et ça montre aussi une certaine résistance à la dette de la part de nombreux entrepreneurs. C'est un peu dans la culture suisse: on essaie d'éviter la dette. Et maintenant, on est dans une situation de crise dans laquelle il faudrait peut-être aussi changer un peu ces attitudes."

Propos recueillis par Romaine Morard/oang

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