Elles s'appellent Greenlight, Step, Monzo, Famzoo ou encore Busykid aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Les cartes de paiement destinées aux enfants sont de plus en plus nombreuses. Des cartes proposées souvent par des entreprises à la croisée de la finance et de la technologie et qui visent un marché en plein essor.
Dans son ensemble, le marché des cartes prépayées devrait atteindre plus de 5500 milliards de dollars d'ici 2027 - plus de trois fois plus que ce qu'il vaut aujourd'hui - selon les analystes de la firme Allied Market Research.
Et les adolescents, comme les très jeunes enfants, servent de relais de croissance à ce marché. "C'est clairement dans la tendance, sachant que les jeunes ont l'habitude d’acheter énormément en ligne, que ce soit des services ou des objets physiques. C’est une évidence que ces nouveaux acteurs arrivent sur ce marché", explique Olivier Good, analyste gérant chez Synapse Invest.
Des clients captifs
Les émetteurs, des start-ups ou des banques traditionnelles, proposent leurs cartes aussi aux tout petits. Une façon selon elles d'enseigner très tôt le bon usage de l'argent. Ces cartes prépayées sont alimentées par les parents, qui fixent un montant maximal.
Pas de risque donc que l’enfant s’endette en achetant un poney. Mais les émetteurs de cartes ne se limitent bien sûr pas à un objectif pédagogique.
"L’objectif commercial est simple: plus vous fidélisez les jeunes, plus vous pourrez leur vendre ensuite des produits supplémentaires quand ils seront majeurs. Une fois habitué à la marque, les clients sont un peu plus captifs", ajoute Olivier Good.
Aux nostalgiques, on répondra que même le cochon en terre cuite s'est numérisé. Celui de Credit Suisse par exemple se nomme digipigi et promet de grogner amicalement lorsque son très jeune utilisateur active l'application de paiement qui lui est reliée.
Katja Schaer
L’enfant devient un salarié de la maison
BusyKid est une application américaine qui s’adresse aux 3-16 ans. Les mots choisis sont ceux du salariat. Les parents fixent des tâches à effectuer dans la maison, ainsi que leur prix (1,5 franc pour plier le linge par exemple). En fin de semaine, ils reçoivent un message avec le détail de ce qu'ont fait les enfants pendant la semaine. Les parents peuvent alors approuver le salaire.
L’enfant choisit comment le dépenser. Il peut faire un don à une association caritative, le dépenser dans les magasins grâce à une carte prépayée ou même investir en bourse.