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Feu vert au rachat de Carrefour par Coop

Carrefour dans le giron du numéro 2 suisse du commerce de détail.
Carrefour dans le giron du numéro 2 suisse du commerce de détail.
La Commission de la concurrence, qui a autorisé l'an passé le rachat de Denner par Migros, permet à son tour à Coop de reprendre les douze hypermarchés de Carrefour, tout en posant des conditions pour protéger concurrents et fournisseurs.

La vente se concrétisera au 1er avril et les changements
d'enseigne en Coop Megastores devraient avoir lieu d'ici à début
juin. Au terme de l'opération, le distributeur exploitera 25
Megastores, soit les douze sites de Carrefour, auxquels s'ajoutent
l'hypermarché du stade de St-Gall, qui ouvrira fin juin, et les
très grandes surfaces que possédait déjà Coop.

Le groupe bâlois avait annoncé en août passé son intention de
racheter pour 470 millions de francs les magasins Carrefour en
Suisse, détenus à parts égales par la chaîne française et la
société genevoise Maus Frères (Manor). La Comco a engagé en
novembre une enquête approfondie.

Pas d'alternative

«L'autorité de concurrence est
parvenue à la conclusion que Carrefour ne pouvait trouver aucun
autre acquéreur», a expliqué jeudi à Berne le président de la
Comco, Walter Stoffel. Pour les détaillants étrangers, le réseau
Carrefour en Suisse était trop petit (1,1% de part de marché) alors
que pour les distributeurs suisses, à part Migros et Coop, le
morceau était trop gros à avaler.



Le duopole constitué par Migros et Coop sera certes renforcé après
cette acquisition. Mais le marché du détail au niveau national
restera sous la pression des nouveaux concurrents, estime la Comco,
dont le feu vert était pressenti.



La Comco a toutefois assorti son feu vert de conditions

(voir ci-contre)

qui pourront être annulées à la
demande de Coop à compter du 1er janvier 2010 si la situation du
commerce de détail suisse devait être profondément modifiée, par
exemple à la suite de l'expansion d'Aldi et de l'arrivée de
Lidl.



ats/cab

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Conditions posées

Toutefois, avec 60 filiales ouvertes pour Aldi et une entrée prévue en 2009 pour Lidl, la position dominante de Coop et Migros ne peut être déstabilisée à court terme.

Pour que le marché reste ouvert à d'autres détaillants et aux fournisseurs, la Comco prévoit des garde-fous. Elle exige ainsi la suppression des contrats d'exclusivité, qui interdisent aux fournisseurs de livrer simultanément plusieurs détaillants. Cette clause s'applique déjà à Migros.

Coop devra en outre conserver les fournisseurs qui réalisent plus de 30% de leurs ventes avec Carrefour, pour autant que leurs produits correspondent aux exigences de Coop. Si ce dernier ne reprend pas un fournisseur particulier, il devra lui laisser suffisamment de temps pour se retourner.

Dans certaines régions, en particulier dans la région genevoise et au Tessin, il n'existe pratiquement aucune alternative à Coop et à Migros que Manor. La Comco impose donc à Coop de mettre en vente des magasins représentant une surface totale de 20'000 m². De plus, pendant six ans, Coop n'a pas le droit d'acquérir des entreprises actives sur le marché du commerce de détail alimentaire suisse.

Réaction de Coop

Coop a «pris acte» de la décision de la Comco, qui fait suite à quatre mois d'enquête.

Mais le distributeur fustige cette «logique interventionniste», estimant qu'un feu vert inconditionnel n'aurait pas entamé la rude concurrence qui règne déjà sur le marché.

Le groupe se plie cependant aux injonctions de la Comco et renonce à faire recours auprès du Tribunal administratif fédéral.