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Les voitures hybrides polluent plus que ne l'affirment les constructeurs

Les véhicules hybrides peuvent émettre beaucoup plus de CO2 qu'indiqué sur les normes d'homologation, selon une étude
Les véhicules hybrides peuvent émettre beaucoup plus de CO2 qu'indiqué sur les normes d'homologation, selon une étude / 19h30 / 2 min. / le 26 novembre 2020
Les ventes de véhicules hybrides sont en plein essor en Europe, dopées par la vague verte et les ambitions de réduction d'émissions polluantes. Mais une étude récente montre que ces modèles peuvent émettre beaucoup plus de CO2 qu'indiqué sur les normes d'homologation.

Ces dernières années, les constructeurs ont multiplié leurs modèles hybrides rechargeables, ou "plug-in". A bord, un moteur à combustion classique cotoie un moteur électrique avec une petite batterie, qui peut être rechargée sur une prise.

Une étape séduisante vers la mobilité décarbonée, qui a conquis de plus en plus de Suisses ces dernières années.

Douze fois plus polluantes qu'annoncé

Mais l'argument écologique est aujourd'hui battu en brèche par une étude commandée par l'organisation écologiste européenne Transport & Environment (T&E). Des tests effectués par l'entreprise britannique Emissions Analytics sur trois véhicules (BMW X5, la Volvo XC60 et le Mitsubishi Outlander) révèlent des émissions réelles de CO2 jusqu'à 12 fois plus élevées que les normes d'homologation.

Source: Transport & Environment
Source: Transport & Environment

Andreas Burgener, directeur d'Auto Suisse, ne se montre pas surpris par ces résultats. Selon lui, c'est le comportement de l'automobiliste qui est déterminant: "Si l'on ne recharge pas la batterie, alors bien sûr, la consommation de benzine ou de diesel sera plus élevée. C'est la logique même de ce système. C'est une question de discipline d'utilisation de ce produit!", argumente celui qui représente les importateurs de voitures en Suisse.

Aux yeux de l'Association transports et environnement (ATE) en revanche, quelle que soit la discipline du chauffeur, le recours des hybrides aux carburants pétroliers est éliminatoire: "Nous déconseillons d'acheter des hybrides "plug-in". C'est mieux d'acheter des voitures électriques, de prendre les transports publics ou un vélo. Pour une mobilité sans énergie fossile, on n'y arrive pas avec un véhicule hybride", souligne Martin Winder, responsable de projet pour l'ATE.

Plus que les Diesel

Pourtant, c'est bien la technologie qui s'envole en ce moment. Le nombre de mises en circulation cette année a même dépassé celui des véhicules diesel, dont les ventes ont été plombées par le scandale.

L'argument écologique n'est toutefois pas le seul à influencer les ventes. Les professionnels comme les chauffeurs de taxi optent de plus en plus pour ces modèles hybrides en raison notamment du coût. Les voitures hybrides sont moins chères à exploiter que l'essence ou le diesel, surtout en ville: "On gagne tout de même 50% au niveau du carburant", affirme Abdellah Faouzi, chauffeur de taxi. Il conduit un modèle hybride, comme 65% de ses collègues chez Taxiphone.

Effort marketing

Du côté des constructeurs, on ne semble pas non plus vouloir franchir ce cap, à en croire leur stratégie marketing. Selon le bureau d'études Media Focus, la publicité automobile a effectivement doublé pour les voitures électriques entre 2019 et 2020, passant de 5 à 11%. Mais l'effort alloué aux hybrides a été plus important, passant de 6 à 18%. Quant à la publicité pour les voitures thermiques, elle représente toujours l'écrasante majorité, bien qu'elle décline fortement de 89% à 71%.

Pour le chauffeur genevois, la transition vers une voiture 100% électrique serait pourtant idéale, mais des freins subsistent: "Ce serait la meilleure solution, mais il faut d'abord avoir les conditions de cette solution. Aujourd'hui, nous n'avons pas assez de bornes de recharge pour franchir ce pas."

Auto Suisse insiste aussi sur la nécessité de créer les incitations, notamment fiscales, pour le développement des bornes de recharge. Interrogé sur la question de savoir si la technologie hybride ne représente qu'une étape de transition vers les modèles 100% électriques, Andreas Burgener avance une estimation. Selon lui, "on aura en 2030 50% de voitures thermiques ou hybrides et 50% de pures électriques, soit avec batteries soit à hydrogène."

Pascal Jeannerat, Feriel Mestiri

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