Les actionnaires de Credit Suisse vont bel et bien recevoir l'entier de leur rémunération au titre de 2019. Vendredi, l'assemblée extraordinaire de la banque a accepté à 99,4% le versement de la deuxième tranche du dividende de 0,1388 franc par action, prélevée sur les réserves en capital.
Sous la pression de l'autorité de surveillance des marchés financiers Finma, la banque aux deux voiles avait décidé, au printemps, de ne payer que la moitié du dividende prévu pour l'exercice 2019.
Lors d'une brève allocution durant l'assemblée, le président Urs Rohner a rappelé que les autorités de régulation à l'étranger, y compris dans l'Union européenne, se sont montrées plus sourcilleuses à l'égard des dividendes. "Cela ne signifie pas pour autant que les distributions de dividendes en Suisse sont moins réfléchies, ni que la réglementation suisse est moins stricte", selon lui.
Des dividendes controversés
Dans Forum, Vincent Kaufmann, directeur de la Fondation Ethos, spécialisée dans l'investissement socialement responsable, a déclaré: "En mars, nous avions beaucoup d’incertitudes. Six mois plus tard, force est de constater que les résultats des banques sur les neuf premiers mois de l’année sont très bons. (...) Aujourd’hui, il était difficile pour la Fondation Ethos (qui représente 230 institutions de prévoyance, ndlr) de recommander aux caisses de pension de renoncer à ce dividende au vu de ce résultat."
La deuxième banque suisse a bouclé 2019 sur un bénéfice de 3,42 milliards de francs et a enregistré un bénéfice de 546 millions de francs suisses au troisième trimestre
Le président d'UBS a rappelé que les risques ont été passablement réduits et la capitalisation renforcée: "Nous sommes convaincus de proposer la distribution de la deuxième moitié du dividende 2019 en position de force et d'agir de manière responsable." En Suisse, les seuils de fonds propres réglementaires dépassent les prescriptions du Comité de Bâle.
Parlant de "déconnexion entre l'économie réelle et les marchés financiers", Vincent Kaufmann reconnaît que "par rapport à la crise actuelle, on est un petit peu dans le monde de l'absurde", avec ces versements de dividendes.
"Peu de fonds propres"
Vincent Kaufmann estime toutefois que les ratios de fonds propres des banques restent "problématiques": "Nous sommes toujours très critiques sur le rachat d’actions. (...) Cela nous parait déraisonnable avec si peu de fonds propres et avec autant d’incertitudes dans l’économie réelle".
En 2021, le numéro deux bancaire helvétique a également prévu un programme de rachat d'actions d'une valeur comprise entre 1,0 et 1,5 milliard de francs.
Propos recueillis: Esther Coquoz
Adaptation web: vajo avec ats