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CFF Cargo sabre dans ses effectifs en Suisse

A Bellinzone, le personnel a immédiatement décrété la grève.
A Bellinzone, le personnel a immédiatement décrété la grève.
CFF Cargo supprimera près d'un poste sur dix d'ici la fin de l'année et en déplacera près d'un sur 25. Les sites de Fribourg, Bellinzone, Bâle et Bienne (BE) sont particulièrement touchés, tout comme la division «Overhead».

Sur les 401 suppressions de postes à plein temps décidées jeudi
par le Conseil d'administration des CFF, 300 concernent le
management et l'administration. Les autres sont liées au secteur de
la maintenance, a expliqué vendredi devant les médias à Berne,
Nicolas Perrin, directeur de CFF Cargo.

Fribourg ferme

Le site de Fribourg fermera. Ses activités de service à la
clientèle, de vente et de traitement des mandats seront concentrées
à Bâle. Sur les 165 emplois fribourgeois, 114 seront transférés
dans la cité rhénane et 51 disparaîtront. Pour le même secteur
d'activités, Bâle perd 153 postes de travail sur 699.



Dans le domaine de la maintenance, 126 places sont supprimées à
Bellinzone et 28 sont déplacées (18 à Chiasso et 10 à Yverdon-les
Bains/VD). Les 200 emplois maintenus dans la capitale tessinoise
seront externalisés. Les ateliers de Bienne perdent 46 de leurs 150
places de travail actuelles. Elles sont transférées à Yverdon, a
détaillé le directeur de CFF Cargo.



Les employés soumis à la Convention collective de travail (CCT)
des CFF ne seront pas licenciés. Ils conservent leur salaire et
rejoignent un programme de réorganisation professionnelle, a dit
Andreas Meyer, président de la direction des CFF. Des solutions
sont cherchées pour les employés qui ne sont pas protégés par la
CCT, a-t-il précisé, «mais la priorité va à nos collaborateurs
fixes».

Economie de 70 millions par an

Ces suppressions d'emplois, auxquelles il faut soustraire 65
postes vacants depuis l'automne 2007 et jamais repourvus,
s'inscrivent dans le programme de redressement de l'entreprise, a
expliqué Andreas Meyer. Le but à moyen terme est d'économiser 70
millions de francs par an, selon des «estimations prudentes».



Il faudra compter au moins deux ans avant l'assainissement complet
de CFF Cargo, selon lui. La société a clos l'année comptable 2007
avec une perte de 190,4 millions de francs, alors que les
prestations ont elles augmenté, a précisé Thierry Lalive d'Epinay,
le président démissionnaire du Conseil d'administration des CFF.
Ces pertes sont à mettre dans le contexte de libéralisation du
marché du transport des marchandises par le rail, a-t-il
poursuivi.



Dans peu de pays le marché est aussi restreint qu'en Suisse et
aussi âprement disputé. Et le secteur doit faire face à la
concurrence du transport par la route. Si la filiale des CFF est
bien à la recherche de partenaires fiables, «elle n'est pas à
vendre», a souligné Andreas Meyer. Un partenariat n'est envisagé
que s'il contribue à un positionnement stratégique à long terme, à
une répartition des risques et à une optimisation du résultat.

Hausse ciblée des prix

Pour dégager l'avenir de CFF Cargo,
d'autres mesures sont prévues, comme des augmentations ciblées de
prix. Des nouveaux systèmes de tarification seront introduits cette
année, selon Nicolas Perrin.



En parallèle, la planification des transports et l'exploitation
seront améliorées et les capacités inutilisées supprimées. CFF
Cargo appartient aux CFF. La société compte actuellement 4435
postes de travail à plein temps.

Berne déplore

Le DETEC et le DFF déplorent les suppressions d'emplois
annoncées par CFF Cargo. Ils notent toutefois que cette mesure
était devenue nécessaire au vu du mauvais résultat financier de
l'entreprise. La vente totale de cette dernière est exclue.



La convention collective de travail en vigueur garantit que la
suppression d'emplois pourra se faire de manière socialement
compatible et sans licenciement. A moyen terme, un nombre d'emplois
beaucoup plus important serait menacé sans un assainissement global
du secteur cargo, soulignent les Départements fédéraux des
transports (DETEC) et des finances (DFF) dans une prise de position
commune.

Mesures rapides attendues

Les 2 services attendent de la direction et du conseil
d'administration de l'ex-régie que les mesures d'assainissement
présentées vendredi soient mises en oeuvre rapidement et
rigoureusement. «CFF Cargo doit être une entreprise économiquement
saine et compétitive». Sinon, l'entreprises ne pourra pas se
profiler à moyen terme sur le marché européen libéralisé du fret
ferroviaire et jouer un rôle crucial dans la mise en oeuvre de la
politique suisse de transfert du trafic marchandises de la route au
rail.



D'une manière générale, les deux départements se déclarent déçus
du mauvais résultat financier de CFF Cargo. Ils réclament des
informations détaillées sur les causes de ces pertes et attendent
des propositions concrètes concernant l'intention de l'ex-régie de
coopérer davantage avec d'autres entreprises de transport
ferroviaire.

En avril

Le Conseil fédéral se penchera sur CFF Cargo en avril lorsqu'il
examinera dans quelle mesure les entreprises fédérales (Poste,
Swisscom et CFF) ont réalisé leurs objectifs stratégiques. Il
établira alors un rapport destiné aux commissions de surveillance
parlementaires.



De son côté, l'UDC aurait voulu un débat urgent consacré aux
pertes de CFF Cargo durant cette session de mars. Sa demande a été
rejetée jeudi par le bureau du Conseil national.



ats/tac

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Les syndicats sont en colère

La restructuration de CFF Cargo suscite l'ire des syndicats. Le Syndicat du personnel des transports (SEV) la juge «inacceptable». Les employés n'ont pas à payer pour des erreurs de gestion et des investissements insuffisants, estime transfair.

Les employés de CFF Cargo, dont certains travaillent depuis des dizaines d'années pour cet employeur, ne sont pas responsables de cette débâcle. Ils n'ont pas à y perdre leurs emplois, défend vendredi le syndicat des transports publics transfair dans un communiqué.

Même son de cloche du côté du SEV. «Il convient d'identifier les fautes commises dans le passé et d'établir des responsabilités. Cela concerne la direction des CFF et de Cargo, qui n'ont à l'évidence pas assumé leur rôle stratégique et le Conseil d'administration des CFF, qui a négligé son devoir de surveillance», écrit le syndicat.

Pour le président du SEV, «une entreprise qui appartient à la collectivité publique ne peut pas traiter son personnel comme ça». Et de regretter que les collaborateurs ne soient considérés que comme des facteurs de coût.

Et la menace gronde. Si les CFF ne se montrent pas prêts à se pencher à nouveau sur les suppressions d'emplois annoncées, la situation déjà tendue dans les régions touchées risque de monter d'un cran, poursuit transfair.

Le SEV indique, lui, ne pas être prêt à entrer «dans une quelconque discussion avec CFF Cargo» avant qu'une analyse de la situation ait été clairement posée sur la table. Et de reprocher à la société de ne proposer rien d'autre qu'un plan de démantèlement.

Des actions de mobilisation sont en préparation, précise le SEV. Samedi, une manifestation de solidarité est notamment organisée à Bellinzone, où les 430 employés de la filiale des CFF ont interrompu le travail en guise de protestation. Le gouvernement tessinois a assuré son soutien et sa solidarité aux grévistes.

D'autres mesures sont envisagées comme un blocus de la ligne du Gothard. Les responsables des CFF doivent bien garder à l'esprit que l'EURO 2008 approche, a déclaré un syndicaliste devant le personnel présent. Il en faudrait peu pour que cet événement connaisse un chaos au niveau du trafic, a-t-il ajouté.

Fribourg et Bienne très déçues

Le directeur fribourgeois de l'économie Beat Vonlanthen est «profondément déçu» par la restructuration de CFF Cargo. «Fribourg et la Suisse occidentale sont une nouvelle fois pénalisés», a-t-il réagi. Le canton va perdre 164 postes. «C'est très grave. Les CFF, une entreprise appartenant à la Confédération, ne prennent à nouveau pas en considération des aspects de politique régionale».

A ses yeux, ces mesures ne permettront par ailleurs pas à CFF Cargo de s'assainir. «Le call center qui sera supprimé à Fribourg fonctionne bien et tout centraliser à Bâle ne mènera pas à des économies considérables.»

A Bienne, le conseil municipal s'est dit consterné à l'annonce du transfert de 46 postes des ateliers de Bienne à Yverdon et Olten. Malgré tout, la commune est soulagée. La durée des trajets pour relier ces deux villes est «acceptable».