La morosité reste de mise sur le
front du cours du dollar, les cambistes redoutant toujours que les
retombées de la crise du crédit immobilier à risque (subprime)
entraînent les Etats-Unis dans la récession.
En guise d'indicateur, l'euro a atteint un nouveau sommet vendredi
face au billet vert, se hissant jusqu'à 1,5433 dollar, avant de
redescendre à 1,5403 dollar contre 1,5376 jeudi soir à New
York.
A l'égard du franc, la devise américaine a continué à évoluer à
ses plus bas historiques. Elle valait ainsi moins de 1,02 franc, du
jamais vu.
Le prix du pétrole flambe
Ce sentiment de méfiance, qui a fait plonger le billet vert face
à l'euro, est renforcé par la flambée du cours du pétrole. Le baril
de brut étant libellé en dollars, son prix a établi dans la foulée
de nouveaux records à New York (105,97 dollars) et à Londres (103
dollars).
Depuis vendredi dernier, le prix du pétrole a pris près de 4
dollars. Outre la baisse du billet vert, cette hausse a aussi été
dopée par la décision mercredi de l'Organisation des pays
exportateurs de pétrole (Opep) de ne pas changer sa production.
L'annonce d'une baisse surprise des réserves américaines de brut de
3,1 millions de barils la semaine dernière a encore accentué le
malaise.
Par ailleurs, la Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi,
son indice vedette, le Dow Jones, tombant de 1,22 %, à 11 893,69
points. Il s'agit de son plus bas niveau depuis octobre 2006 en
raison de la mauvaise surprise des suppressions d'emplois aux
Etats-Unis en février.
A ces trois événements s'ajoutent toujours l'ensemble des tensions
géopolitiques à l'oeuvre actuellement, comme le différend juridique
opposant le Venezuela et le géant pétrolier ExxonMobil et le
contentieux en cours entre l'Iran et la communauté internationale
au sujet du programme controversé d'enrichissement d'uranium mené
par Téhéran. Autre source de tensions induisant une flambée des
cours, la crise diplomatique entre la Colombie d'une part,
l'Equateur et le Venezuela d'autre part.
Interrogé dans le journal espagnol elEconomista, le commissaire
européen à l'Energie Andris Piebalgs a estimé qu'un prix de 200
dollars le baril en 2011 n'était pas fantaisiste.
Plus le dollar va mal, mieux l'or s'en porte
Il existe une forte corrélation inverse entre le cours du billet
vert et celui de l'or. Or, en un an, le dollar a perdu jusqu'à 14%
de sa valeur face à l'euro. Les investisseurs hors zone dollar en
profitent pour bourrer leur portefeuille d'or, une matière première
vendue en dollars.
La montée des incertitudes, géopolitiques comme économiques, fait
aussi jouer au métal son rôle de valeur défensive. Une récession
économique aux Etats-Unis pourrait ralentir l'ensemble de
l'économie mondiale. Ce scénario se renforce, à en juger par la
pluie incessante des mauvaises nouvelles, avec, dernière en date,
le bond du chômage américain.
Des tensions sur l'offre physique de métal ont encore accéléré le
mouvement: la production minière en Afrique du Sud a été très
perturbée au dernier trimestre 2007: une série de graves accidents
a conduit les mineurs sud-africains à déclencher une grève
nationale début décembre et le gouvernement à lancer un audit sur
les conditions de sécurité de toutes les mines du pays.
L'or ainsi que d'autres matières premières volant de record en
record, phénomène conjugué à la perspective d'une récession
américaine et d'une tendance inflationniste en Europe, ravivent les
craintes de "stagflation" des Banques centrales.
agences/ar
Barroso préoccupé par la hausse de l'euro
José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, s'est dit jeudi "préoccupé" par le niveau de l'euro, qui bat record sur record.
"Bien sûr, nous sommes préoccupés par le niveau de l'euro", et "les mouvements désordonnés des monnaies ne sont pas les bienvenus", a-t-il déclaré.
Il a cependant indiqué qu'il fallait laisser la Banque centrale européenne (BCE) lutter contre l'inflation.
La BCE a laissé inchangé jeudi à 4% son principal taux, réaffirmant que sa priorité était la lutte contre l'inflation.
Qu'est-ce que la stagflation
La stagflation (contraction de "stagnation" et d'"inflation") est une situation économique caractérisée par un ralentissement du rythme de croissance de la production et une augmentation du chômage, alors que la hausse des prix se poursuit ou s'accélère.