Le groupe ne pourra égaler le bénéfice brut de 529 millions de
francs dégagé en 2007, objectif visé jusque-là. Le Conseil d'Etat
veut des explications. La révision à la baisse des prévisions
s'explique par les tourmentes sur les marchés financiers.
La BCV fonde son avertissement sur les chiffres provisoires du
premier trimestre. Le bénéfice brut y est attendu en «nette
baisse», entre 55 et 65 millions de francs, comparé à la
performance record de 158 millions réalisée lors des trois premiers
mois de l'an passé.
Pas d'exposition au subprime
Les comptes de la maison-mère ont principalement souffert du
résultat du négoce sur les actions suisses et leurs dérivés.
Celui-ci présente une perte de 37 millions de francs, contre un
bénéfice de 28 millions un an plus tôt.
Selon la BCV, le mois de mars s'est révélé défavorable d'un point
de vue boursier. Sentant venir la question, le groupe bancaire
précise que ces pertes n'ont aucun lien avec une exposition à la
crise américaine du subprime. Il réaffirme être épargné par le
phénomène, tout en répétant la difficulté d'émettre une prévision
sur l'évolution dans les activités de négoce.
La BCV se veut également rassurant quant aux autres sources de
revenus, opérations d'intérêt et commissions notamment. Celles-ci
évoluent de «manière conforme aux attentes. Il n'est par ailleurs
pas reformulé pour l'heure de nouvel objectif en terme de bénéfice
brut sur l'ensemble de l'exercice en cours.
Chute à la bourse
A la Bourse suisse, l'action BCV a donc subi le contrecoup de la
dégradation des perspectives, en signant la plus mauvaise
performance du jour. A 16h00, elle chutait de 11% à 410
francs.
Le titre a passablement fluctué en 2008, à l'instar du marché,
avec un plus haut à 540 francs (en mars) et un plus bas à 366
francs (vendredi).
L'établissement se trouve dans une phase de transition avec
l'arrivée attendue au 1er mai d'un nouveau président de la
direction. Pascal Kiener, 46 ans, actuel numéro deux, succédera
alors à Alexandre Zeller, 47 ans, lequel s'en va prendre la tête de
HSBC Private Bank (Suisse), à Genève.
ats/ant/nr
Réaction du canton
Actionnaire majoritaire, le canton de Vaud a fait savoir qu'il gardait à l'oeil la BCV. Le gouvernement entend demander des précisions à la banque, dont il détient quelque 67 %, sur les causes des pertes et sur les mesures prises pour y remédier.
Le chef du Département de l'économie Jean-Claude Mermoud se dit plus inquiet du marché boursier en général que de la situation de la BCV. «Mais nous restons très attentifs», a-t-il déclaré à l'ATS.
Le gouvernement veut savoir si la baisse prévue du bénéfice net provient seulement des marchés ou s'il y a d'autres problèmes. Cette annonce était prévisible au vu de la tourmente boursière, a poursuivi le conseiller d'Etat.
L'action BCV boit la tasse au moment où le canton envisage de se défaire de ses parts excédentaires pour revenir à une participation de 50,12 %. «La période est peu propice, nous savions qu'il nous faudrait patienter un peu», a admis M. Mermoud. Le Grand Conseil vaudois a accepté il y a dix jours en premier débat le principe de ce désengagement.