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Les logisticiens s'organisent pour acheminer des vaccins à travers le monde

L'acheminement du vaccin contre le Covid-19 est un défi historique de par le volume et les exigences de températures
L'acheminement du vaccin contre le Covid-19 est un défi historique de par le volume et les exigences de températures / 19h30 / 2 min. / le 3 décembre 2020
Le défi logistique de l'acheminement des vaccins contre le Covid-19 en Suisse et dans le monde est historique. La Confédération, les cantons et l'armée se préparent activement, mais le transport des doses depuis les centres de production jusqu'aux centres d'injection agitent aussi les entreprises privées spécialisées.

L'opération a été menée dans le plus grand secret. Un premier convoi exceptionnel est parti il y a quelques jours de Suisse. A son bord, la substance active du vaccin Moderna, qui a effectué un voyage de 27 heures au départ de l'usine Lonza à Viège (VS) jusqu'à Madrid. C'est dans la capitale espagnole que le vaccin doit être finalisé.

"Ce type de substances sensibles à acheminer est un défi en matière de sécurité, car n'importe qui pourrait vouloir mettre la main sur cette cargaison", estime au 19h30 Eric Ten Kate, en charge du convoi. Le vice-président du secteur Life Sciences chez Agility, entreprise suisse de la logistique, poursuit: "C'est aussi un défi de respecter la chaîne du froid pour que cela arrive à bon port et dans de bonne conditions".

15 milliards de doses à acheminer

D'autres convois sécurisés en provenance de laboratoires européens chargés de vaccins arriveront en Suisse. Selon Dominique Nadel Hofer, porte-parole de Kühne+Nagel, le plus grand logisticien au monde après DHL, ces convois transitent déjà depuis quelques semaines, voire des mois: "Nous voyons beaucoup d'acheminements de matières premières pour le vaccin, mais aussi du transport de matériaux auxiliaires, comme des seringues, des fioles ou des désinfectants.

Une fois assemblés, quelque 11 à 15 milliards de vaccins seront acheminées et stockés dans le monde ces deux prochaines années. Selon les estimations de Kühne+Nagel, environ la moitié de ces doses sera transportée par avion, le reste par camion. "Selon les discussions que nous avons avec nos clients pharmaceutiques, nous pensons que le transports des vaccins Covid-19 en Europe va se faire surtout par la route, car c'est majoritairement en Europe qu'ils seront produits", note Dominique Nadel Hofer.

8000 avions

Si les routes suisses sont particulièrement concernées, le secteur aérien se prépare aussi. L'association internationale du transport aérien (IATA) estime aujourd'hui que 8000 avions cargos seront nécessaires pour acheminer les vaccins à travers le monde.

Dans la zone fret de l'aéroport de Genève, une task force a été mise en place par l'entreprise Dnata, l'un des spécialistes de la logistique aéroportuaire. Yohan Protais, chef des opérations chez Dnata Genève, se dit prêt à recevoir ces vaccins en transit: "Genève aéroport nous met à disposition des infrastructures pour stocker des produits à température controlée".

Concrètement, un frigo pour les produits à températures ambiante, deux frigos pour les températures entre +2 et +8 degrés et 3 congélateurs qui descendent à -20 degrés. Pour les vaccins de Pfizer par exemple, qui doivent être maintenus à -80°C, il faudra les conserver dans la glace carbonique.

Mais beaucoup d'inconnues subsistent pour pouvoir s'organiser au mieux: "La première problématique qu'on a, c'est le volume. Aujourd'hui, quand on interroge nos compagnies aériennes clientes, elles n'ont pas encore exprimé des besoins. La seconde problématique, c'est la température. A chaque vaccin correspond une température, et celle-ci va dépendre du type de vaccin qui sera choisi", souligne Yohan Protais.

Ces défis, les aéroports de Zurich et Bâle les connaissent également. Eux aussi se préparent à la réception des vaccins.

Estelle Braconnier / fme

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