Les 430 employés en grève depuis vendredi ont adopté à
l'unanimité une résolution allant dans ce sens lors de leur
réunion. En ouverture d'assemblée, les grévistes ont reçu la visite
de l'évêque de Lugano, Mgr Pier Giacomo Grampa. Celui-ci les a
assurés du soutien inconditionnel de l'Église. Il les a exhortés à
ne pas céder.
Si la suspension de l'activité devait durer jusqu'à Pâques,
l'évêque célébrera la messe dans les ateliers et partagera le repas
avec les ouvriers. Les syndicats ont annoncé aux grévistes qu'ils
assureraient à chacun d'entre eux une indemnité journalière de 120
francs.
Soutien du Conseil d'Etat
Les conseillers d'état tessinois Luigi Pedrazzini (PDC) et
Gabriele Gendotti (PRD) se sont eux aussi rendus aux ateliers en
matinée. Ils ont promis au personnel que le Conseil d'Etat ferait
tout son possible pour que CFF Cargo revienne sur sa décision de
supprimer 126 emplois à Bellinzone.
Les grévistes se sont ensuite rendus en début d'après-midi au
Grand Conseil tessinois. Accompagnés de représentants des
syndicats, une centaine d'entre eux ont pu prendre place dans les
tribunes réservées au public. Le chef de leur délégation, Gianni
Frizzo, s'est adressé aux députés dans une atmosphère chargée
d'émotion.
"Concurrence illogique"
Il a demandé que les Chambres fédérales nomment une commission
d'enquête chargée d'examiner la gestion de CFF Cargo ces dernières
années. Il a déploré le système de "concurrence illogique" mis en
place ces dernières années par la société et a souligné que les
ateliers CFF de Bellinzone n'ont jamais accusé de pertes
financières.
Dans la foulée, les députés, qui verseront leur jeton de présence
au fonds de solidarité pour les grévistes, ont voté à l'unanimité
une résolution. Celle-ci demande au Conseil fédéral de faire
pression auprès du conseil d'administration de CFF Cargo pour qu'il
renonce à son plan de redimensionnement des ateliers tessinois.
"Ferriere Cattaneo" intéressée
"Ferriere Cattaneo" est disposée à reprendre à terme une partie
de l'activité des ateliers CFF de Bellinzone. Le nom de cette
entreprise sidérurgique tessinoise circule depuis quelques jours au
Tessin pour la reprise, à plus ou moins long terme, des quelque 200
emplois non supprimés par CFF Cargo.
Cette solution déplaît fortement au personnel en grève des
ateliers CFF et les syndicats. Ils craignent une délocalisation de
l'activité vers les pays de l'Est, en particulier en Roumanie où
"Ferriere Cattaneo" a déjà mis pied. Interrogé lundi par la Radio
de la Suisse italienne (RSI), le directeur de la firme tessinoise a
catégoriquement démenti une telle possibilité.
ats/kot/tac
Aucune alternative, selon Leuenberger
A Berne, Moritz Leuenberger s'est chargé de doucher les espoirs tessinois. Répondant aux conseillers nationaux en colère à l'heure des questions, le conseiller fédéral a qualifié l'assainissement de CFF Cargo de "douloureux", tout en ajoutant qu'il n'y avait "pas d'alternative". La convention collective de travail garantit néanmoins qu'il n'y aura pas de licenciement, a-t-il rappelé.
Le Conseil fédéral comprend la colère et la déception des intéressés, a assuré le ministre des transports. Pour lui, le conseil d'administration de CFF Cargo et sa direction ont failli à plusieurs reprises à leur promesse de redresser la situation financière. Cette mauvaise gestion, doublée d'une concurrence trop agressive face aux chemins de fer allemands ont mené à la débâcle actuelle.
Moritz Leuenberger s'est dit prêt à recevoir les gouvernements des cantons concernés, à savoir le Tessin, Berne, Fribourg et Bâle. Une rencontre est agendée mercredi avec le Conseil d'Etat et la députation tessinoise aux Chambres fédérales. Les directeurs des CFF et de CFF Cargo, Andreas Meyer et Nicolas Perrin feront eux aussi le déplacement ce jour-là pour rencontrer les autorités tessinoises.
Le président de la Confédération Pascal Couchepin ne sera lui pas du voyage. N'ayant pas reçu personnellement d'invitation autre que la lettre ouverte du maire de Bellinzone, il ne veut en outre pas empiéter sur les affaires du département de Moritz Leuenberger, a expliqué le porte-parole du radical valaisan, Jean-Pierre Crevoisier.