Le comité de grève tessinois a fait parvenir aux médias une
lettre de la direction des CFF. Pour la compagnie, le débrayage est
illégal et viole la convention collective de travail. Les CFF
ajoutent que les grévistes n'obtiendront plus de salaire en raison
de leur mouvement.
"Touche pas à nos pères"
Les mesures envisagées, si le débrayage se poursuit, iront de
l'avertissement au licenciement. Un transfert accéléré des
activités vers un autre site est également évoqué. Les 430 employés
en grève depuis vendredi sont toutefois bien décidés à poursuivre
leur débrayage jusqu'au retrait du plan de restructuration. Ils
veulent en outre étendre leur mouvement au reste de la Suisse. Ils
entendent manifester à Berne le 19 mars.
La date n'a pas été choisie au hasard: c'est la Saint-Joseph -
journée des pères - et férié au Tessin. D'où le slogan "Touche pas
à nos pères" de la journée de protestation, par lequel les
grévistes veulent montrer au Conseil fédéral et à la direction des
CFF que de nombreux pères de familles sont concernés par la
suppression prévue de 126 emplois à Bellinzone. La population
tessinoise a été appelée à se joindre aux grévistes.
Débrayage à Fribourg
A Fribourg, les employés de la filiale des CFF suspendront leur
travail mercredi entre 09h00 et 10h00. Réunis mardi en assemblée
extraordinaire du personnel, ils ont lancé un ultimatum à la
direction de leur entreprise, exigeant le retrait du plan de
restructuration d'ici jeudi à 17h00. Le Syndicat du personnel des
transports (SEV) a lui annoncé une grande manifestation vendredi à
12h30 à Fribourg. Une bonne centaine de collègues tessinois
devraient s'y joindre.
Président du SEV, l'ex-conseiller aux Etats jurassien Pierre Alain
Gentil est venu mardi sur le site fribourgeois pour soutenir les
employés du call center condamné par CFF Cargo (51 emplois
supprimés, 114 transférés à Bâle). Il a stigmatisé un plan de
restructuration pour lequel aucune "explication fondée" n'a été
donnée.
ats/kot
Le patron des CFF auditionné à Berne
Les groupes parlementaires de l'Assemblée fédérale ont auditionné mardi après-midi Andreas Meyer, le directeur des CFF. Si l'ex-régie évoque dans un communiqué "un dialogue constructif et ouvert", l'écho est quelque peu différent du côté des politiques.
Ainsi, le PRD exige des CFF qu'ils corrigent rapidement le tir, "sans oeillères", afin d'assurer l'avenir de sa filiale. L'UDC a quant à elle demandé une commission d'enquête parlementaire (CEP) sur cette "débâcle".
Comme les radicaux, l'UDC accuse le ministre des transports ainsi que les ex-directeurs Benedikt Weibel (CFF) et Daniel Nordmann (CFF Cargo) d'avoir laissé traîner le redressement de CFF Cargo.
Pour le PS, les problèmes sont essentiellement politiques et doivent donc trouver une solution politique. Plutôt qu'une CEP, il soutient la table ronde proposée par Moritz Leuenberger.
L'Union syndicale suisse enfin a écrit mercredi au Conseil fédéral pour lui rappeler sa responsabilité dans cette affaire. Elle exige en particulier le maintien des emplois à Bellinzone et une politique des transports uniforme sans "concurrence néfaste" entre les divers chemins de fer, CFF et BLS par exemple.
Table ronde mercredi
Les attentes du syndicat avant la table ronde de mercredi à Berne avec la direction des CFF, le conseiller fédéral Moritz Leuenberger et le gouvernement tessinois sont claires: les suppressions de postes doivent être suspendues avant toute discussion sur les mesures à prendre.
Jeudi, ce sera au tour du Conseil d'Etat fribourgeois de présenter ses doléances à Moritz Leuenberger, avec la ferme intention de faire revenir la direction des CFF sur sa décision.
Le gouvernement se dit convaincu que le déplacement du service clientèle de Fribourg à Bâle ne représentera pas une contribution essentielle à la résolution des difficultés financières de CFF Cargo.