Le ralentissement de la croissance mondiale devrait se
poursuivre jusqu'en 2009, a indiqué lundi le Groupe d'experts de la
Confédération. L'ampleur des effets de contraction exercés par la
crise des marchés financiers est encore difficile à estimer. Ils
pourraient toutefois agir de manière renforcée du fait des
conditions de crédit plus restrictives dans de nombreux pays.
Si le Seco a maintenu ses prévisions de croissance pour 2008 à
1,9%, il a en revanche revu à la baisse celles pour 2009. Il
prévoit 1,3%, alors qu'il fixait ce chiffre à 1,5% en mars. Après
une croissance très soutenue jusqu'à fin 2007, l'économie suisse a
nettement perdu de sa vigueur durant les six premiers mois de 2008.
Elle croît maintenant à un rythme plus tranquille, a commenté Aymo
Brunetti, chef économiste au Seco, interrogé par l'ATS.
Pas d'écroulement en vue
Il ne craint pas un écroulement. Mais un certain ralentissement
est souhaitable, car une poursuite des taux de croissance de ces
deux dernières années entraînerait une surchauffe. Pour
comparaison, l'UBS prévoit une croissance du PIB de 2,3% en 2008,
la Banque nationale suisse 1,5 à 2%, l'institut conjoncturel bâlois
BAK 2% et le Credit Suisse 1,9%.
Le renchérissement en Suisse devrait atteindre 2,5% en 2008, mais
il diminuera nettement l'année prochaine pour passer de nouveau en
dessous de la barre des 2%. Même si l'augmentation des prix du
pétrole pourrait maintenir les prix à la consommation à un niveau
élevé durant les prochains mois, cet effet devrait progressivement
s'atténuer.
Ralentissement des exportations
La poussée inflationniste enregistrée depuis le début de l'année
n'inquiète pas Aymo Brunetti outre mesure. En raison du
ralentissement du dynamisme économique, la pression du
renchérissement devrait s'affaiblir, explique-t-il. En Suisse, la
croissance moins vigoureuse attendue s'explique par un
ralentissement des exportations, qui devrait se poursuivre, compte
tenu de l'affaiblissement de la conjoncture mondiale et du léger
raffermissement du cours du franc, explique le Seco.
Un ralentissement particulièrement marqué des exportations de
services financiers est très probable. En revanche, le
développement de la demande intérieure devrait rester solide. La
consommation privée devrait continuer à contribuer de manière
positive à la croissance, malgré le renchérissement qui réduit le
pouvoir d'achat. Les investissements en biens d'équipement et ceux
dans la construction devraient en revanche subir un coup de
frein.
Mauvaises perspectives aux USA
Au niveau mondial, l'augmentation massive des prix des matières
premières alourdit le budget des ménages privés, ce qui pourrait
freiner la dynamique de la consommation dans plusieurs régions,
selon les experts de la Confédération. Selon le Seco, les
perspectives conjoncturelles semblent particulièrement moroses pour
les Etats-Unis, où la crise immobilière persistante affecte
négativement la demande intérieure, notamment la consommation
privée.
Dans la zone euro, le ralentissement conjoncturel devrait être
plus modéré en 2008 et 2009. Dans certains pays européens, dont
l'Espagne et la Grande-Bretagne, où le refroidissement du marché
immobilier est plus net, le ralentissement du rythme de croissance
pourrait être plus marqué.
ats/sun
Ralentissement sur le marché de l'emploi
Sur le front de l'emploi, l'expansion pourrait s'arrêter durant la seconde moitié de 2008, prévoit le Seco.
La croissance devrait s'élever à 2% en 2008, mais se replier à 0,5% l'année prochaine.
Le recul du taux de chômage s'est fortement ralenti ces derniers mois. Pour 2008, le taux devrait se situer à 2,5% (environ 100'000 personnes), et augmenter légèrement à 2,6% en 2009.
Les prévisions du KOF aussi à la baisse
Le KOF revoit en légère baisse ses prévisions de croissance économique pour la Suisse. Selon l'institut conjoncturel zurichois, le produit intérieur brut (PIB) réel ne progressera que de 2% cette année et de 1,8% en 2009, contre une attente antérieure de 2,1% et 2%.
Les experts de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) avancent, dans un communiqué publié lundi, les mêmes arguments que tous les autres prévisionnistes.
La conjoncture est ainsi nouvellement affectée par la hausse des prix des matières premières et des denrées alimentaires.
Le KOF voit également dans la faiblesse persistante de la monnaie américaine un élément modérateur à l'expansion des exportations à destination de la zone dollar.
Au-delà, la crise sur les marchés financiers et l'essoufflement de l'économie des Etats Unis continuent à jouer un rôle défavorable.