Les marchés financiers ont vécu des moments mouvementés. Les
mauvaises nouvelles sont encore venues des Etats-Unis, avec
l'annonce pendant la nuit du rachat de Bear Stearns par sa
concurrente JPMorgan Chase au prix dérisoire de 236 millions de
dollars (232 millions de francs), afin d'éviter la faillite.
L'établissement, numéro cinq américain de la banque
d'investissement, avait déjà fait souffler un vent de panique sur
Wall Street vendredi avec l'annonce de son renflouement. Bear
Stearns est finalement valorisé à 2 dollars par action. Un bradage
qui a donné à nouveau un signal très négatif au marché.
Le SMI perd plus de 5%
Les Bourses ont plongé, avec pour couronner le tout l'annonce
d'une nouvelle baisse des taux par la Réserve fédérale américaine
(Fed). La banque centrale cherche toujours à alimenter la liquidité
et à prévenir une récession outre-Atlantique. Ce qui n'a fait
qu'accentuer l'affaiblissement du dollar.
La Bourse de Tokyo a ainsi dégringolé de 3,71%. En Europe, les
marchés ont immédiatement décroché en accélérant leur chute dans
l'après-midi avant de se stabiliser. A la clôture, l'indice des
valeurs vedettes de la Bourse suisse, le Swiss Market Index (SMI),
a dévissé de 5,02% à 6774 points, revenant à son niveau de juin
2006.
A New York, Wall Street a terminé une séance agitée sur une note
contrastée, les investisseurs essayant de se convaincre que le pire
a été évité avec la vente au rabais de la banque Bear Stearns: le
Dow Jones a gagné environ 0,18%, mais le Nasdaq a cédé 1,60%.
L'action UBS dégringole
L'épisode Bear Stearns a remis la pression sur les valeurs
bancaires. L'UBS, particulièrement touchée par la crise du crédit
immobilier américain (subprime), a vu son action plonger de 13,85%
pour tomber à des plus bas de 10 ans, à 24,50 francs. Celle du
Credit Suisse a abandonné environ 8,62%.
Même scénario ailleurs, avec une Bourse de Francfort qui a perdu
4,18%, tandis que Londres et Paris résistaient un peu mieux avec
des reculs respectifs de 3,86% et 3,51%. La Bourse de New York
perdait quant à elle plus de 1% vers 18h00.
Le dollar baisse encore
La décision de la Fed d'abaisser d'un quart de point son taux
d'escompte, sans attendre sa réunion mardi, a renforcé la crise de
confiance à l'égard du dollar. Le billet vert a inscrit de nouveaux
records de faiblesse face à l'euro (à plus de 1,59 dollar pour un
euro) et au franc suisse (moins de 96,5 centimes pour un
dollar).
Les experts ne cèdent pourtant pas à l'alarmisme. «La crise
financière accentue les turbulences survenues depuis des semaines
déjà», explique Yvan Lengwiler, professeur d'économie à
l'Université de Bâle. Les banques centrales jouent actuellement
leur rôle de pompiers.
ats/tac
Ne pas dramatiser
En Suisse, il n'y a pour l'heure pas lieu de craindre davantage que le ralentissement conjoncturel en cours, après une année 2007 de très forte croissance (PIB en hausse de 3,1%).
Reste que si les Etats-Unis devaient tomber dans une longue récession les effets s'en feraient ressentir, estime Aymo Brunetti, chef économiste au SECO. Et ce risque a considérablement augmenté avec la répétition des mauvaises nouvelles, précise Aymo Brunetti.
Les Etats-Unis demeurent un acteur majeur de l'économie mondiale, même si leur poids relatif diminue au fil des années, notamment avec la place prise l'Asie, Chine en tête, relèvent encore les observateurs.
Le récent renforcement du franc, y compris face à l'euro, inquiète également, jusqu'à la Banque nationale suisse (BNS) qui a dit la semaine passée suivre la situation.
Mais il n'y a pas lieu de dramatiser, relève Hans-Ulrich Bigler, directeur de l'association faîtière de l'industrie des machines (Swissmem).
Les entreprises contrôlent les variations de taux de change de près et doivent se couvrir contre les effets négatifs, selon lui. Pour mémoire, le secteur exporte quelque 70% de sa production à destination de l'Union européenne et 10% vers les Etats-Unis.
Baisse du pétrole
Les cours du baril de pétrole ont ouvert en forte baisse lundi à New York, malgré un nouveau record absolu (111,80 dollars) inscrit lors des échanges électroniques d'avant séance suite au nouvel accès de faiblesse du dollar, monnaie dans laquelle est vendu le brut.
Vers 13H10 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril s'échangeait 107,41 dollars, en baisse de 2,80 dollars par rapport à sa clôture vendredi. "Les craintes d'une entrée en récession de l'économie américaine sont en train de couper l'appétit des investisseurs pour les matières premières", selon les analystes.