Modifié

L'UBS plonge, Ospel jette l'éponge

Marcel Ospel aurait peu apprécié les leçons de H-R.Merz.
Marcel Ospel ne briguera finalement pas de nouveau mandat.
L'UBS prévoit une perte nette de 12 milliards de fr. au 1er trimestre et doit procéder à une nouvelle augmentation de capital. Le président du conseil d'administration Marcel Ospel s'en va et sera remplacé par Peter Kurer.

Le Conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz a salué le départ de
Marcel Ospel et la recapitalisation de l'UBS (interview intégrale
ci-dessous). Les marchés financiers également ont très bien
accueilli la nouvelle augmentation de capital d'environ 15
milliards de francs, qui vient s'ajouter à celle de 13
milliards.

L'action UBS, qui a perdu plus de 50% de sa valeur depuis le
début de la crise en octobre, a tenu la vedette mardi. Le titre a
fortement progressé. Il s'est placé en tête des gagnants du SMI et
a tiré avec lui les autres valeurs financières, terminant sur un
gain de 12,3% à 32,40 francs, juste sous son plus haut du jour.

L'augmentation de capital proposée aux actionnaires, qui
trancheront le 23 avril, a été entièrement souscrite par les
grandes banques JP Morgan, Morgan Stanley, BNP Paribas et Goldman
Sachs. A charge pour elles de revendre les actions par la suite.
L'augmentation de capital va permettre à l'UBS de conserver sa
position d'être l'une des banques les mieux capitalisées du monde,
a expliqué Marcel Rohner, patron du numéro un bancaire suisse.

Dépréciations record

L'augmentation de capital ordinaire sera ouverte à tous les
actionnaires, alors que la précédente augmentation de capital avait
exclusivement été couverte par le fonds souverain singapourien GIC
et par un investisseur du Moyen-Orient anonyme. Le total de la
transaction a permis à l'UBS de se renflouer à hauteur de 13
milliards de francs, dont 11 milliards injectés par GIC.



Au cours du premier trimestre 2008, UBS a dû procéder à des
dépréciations de 19 milliards de dollars sur des positions liées au
secteur immobilier américain. La première banque suisse a ainsi
déjà englouti plus de 37 milliards de francs dans la crise des
"subprime". Aucune autre banque n'a dû amortir autant. UBS devance
les américains Citigroup (21,1 milliards de dollars de
dépréciations en 2007) et Merrill Lynch (19,4 milliards).

Moins de risques avec le subprime

Les actifs en rapport avec le marché immobilier américain seront
désormais séparés et gérés par une unité distincte. Dans un premier
temps, l'unité sera entièrement détenue et financée par la banque.
UBS, qui a supprimé 1500 postes dans sa banque d'investissement,
pourrait en outre revoir ce chiffre à la hausse. Les mesures
concrètes seront annoncées ces prochaines semaines.



En outre, Marcel Rohner a indiqué que la banque veut "continuer à
réduire fortement son expositions à ce marché". Sur le trimestre,
l'exposition d'UBS aux positions en rapport avec le marché
hypothécaire "subprime" a déjà passé de 27,6 milliards de dollars à
15 milliards.

Le PS veut une intervention de l'Etat...

Du côté des partis politiques, les réactions sont diverses. Via
un communiqué, le PS a posé mardi trois exigences précises. Il
invite le Conseil fédéral à décider mercredi de convoquer une
réunion urgente entre les partis gouvernementaux, la Commission
fédérale des banques (CFB) et la Banque nationale
suisse(BNS).



Les socialistes veulent aussi rendre la surveillance des banques
plus crédible, ce qui implique selon eux que l'ancien manager de
l'UBS Eugen Haltiner quitte la présidence de la CFB. Enfin, le PS
exige que Marcel Ospel rembourse «les honoraires indécents qu'il a
touchés». Pour le parti, il n'est pas exclu que l'UBS entraîne avec
elle dans sa débâcle d'autres banques, voire l'ensemble de
l'économie suisse. L'Etat se voyant ainsi exposé à des risques bien
réels, «la politique doit prendre les choses en mains».

...que les bourgeois rejettent

La droite n'est pas aussi alarmiste. La porte-parole du PDC
Marianne Binder s'est ainsi dite convaincue que l'UBS pouvait
stabiliser toute seule sa situation. A ses yeux, le retrait de
Marcel Ospel a d'ailleurs déjà renforcé la crédibilité de la
banque.



Au PRD, le porte-parole Christian Weber ne plaide pas non plus
pour un engagement de l'Etat. L'UBS remplit toujours les exigences
légales, notamment en matière de fonds propres, a-t-il rappelé.
Selon le porte-parole, le retrait de Marcel Ospel après de nouveaux
amortissements est logique et juste.



Contactée également, l'UDC s'est refusée à tout commentaire. Les
résultats d'une entreprise privée ne sont pas un thème politique, a
justifié le porte-parole Alain Hauert. Sans surprise, les partis
bourgeois ne veulent rien savoir d'une intervention des pouvoirs
publics.



agences/cab/mej/tac

Publié Modifié

Marcel Ospel sur le départ

Si ces nouvelles pertes étaient attendues, contrairement à ce qui était encore prévu en février, le président du conseil d'administration Marcel Ospel, 58 ans, ne se représentera pas lors de l'assemblée générale du 23 avril prochain. C'est Peter Kurer, juriste en chef de l'UBS, qui prendra sa succession.

Marcel Ospel a expliqué avoir pris sa décision définitive lundi soir. Sous pression ces neuf derniers mois, il affirme cependant avoir pris seul la décision de se retirer, après avoir conduit les mesures de redressement nécessaires. Marcel Ospel estime avoir apporté la contribution requise et se déclare confiant quant aux perspectives d'UBS.

Les réactions dans le monde de la finance

La Commission fédérale des banques (CFB) a salué le changement de présidence intervenu à la tête de l'UBS. Le moment était venu d'opter pour un retrait de Marcel Ospel, selon le président de la CFB.

La CFB a toutefois critiqué l'UBS, rappelant que la banque avait répondu "de manière très rassurante" en mars 2007 à propos de son exposition au secteur des subprimes. "Rétrospectivement, cette réponse s'est révélée fausse, tant il est vrai qu'UBS avait mal apprécié le risque effectivement encouru et lourdement surestimé ses couvertures", relève la Commission.

La fondation Ethos a réagi avec satisfaction au départ de Marcel Ospel, mais se dit surprise par l'ampleur des amortissements. La fondation suggère par ailleurs une refonte du conseil d'administration: la plupart des administrateurs de l'UBS ne sont pas des financiers, note-t-elle.

De son côté, le personnel de l'UBS ne cède pas pour l'heure à la panique, relève Marie-France Goy, secrétaire centrale de l'Association suisse des employés de banque (ASEB).

Les analystes ont salué la réduction de l'exposition aux subprimes, la création d'une unité distincte pour la gestion de certaines positions à risques ainsi que le retrait de Marcel Ospel.

Pour l'analyste de Vontobel Claudia Meier, les mesures donnent à nouveau une marge de manoeuvre à l'UBS. Cela est d'autant plus positif que le reste des activités d'UBS semble bien fonctionner.

Certaines voix sont plus nuancées. Andreas Venditti, de la Banque cantonale zurichoise, estime que l'UBS reste exposée. Les positions à risques sont toujours considérables. Les craintes d'un exode des clients privés subsistent également.