Luqman Arnold veut élaborer pour l'UBS une stratégie «plus
claire et mieux ciblée», a-t-il asséné vendredi devant la presse à
Zurich. Le Britannique dirige la société d'investissement Olivant
Advisers, qui contrôle 0,7% du capital de la banque.
Il désire rencontrer le conseil d'administration de l'UBS avant
l'assemblée générale du 23 avril. Dans ce but, il a écrit à Sergio
Marchionne, «le plus éminent des administrateurs indépendants» du
groupe, pour solliciter une réunion. S'il se dit satisfait des
décisions prises en début de semaine, il souligne que certains
problèmes fondamentaux demeurent.
Renforcer les fonds propres
Selon Luqman Arnold, l'UBS ne doit pas forcément vendre la
banque d'investissement, mais la séparer des activités de gestion
de fortune. Il suggère en outre de céder la branche de gestion
d'actifs et d'autres activités comme les opérations du groupe en
Océanie.
En effet, comme la nouvelle augmentation de capital de 15
milliards de francs pourrait s'avérer insuffisante, Arnold propose
de vendre la division "Global Asset Management", ainsi que les
filiales de l'UBS au Brésil et en Australie. Ces mesures devraient
renforcer les fonds propres qui lui semblent toujours fragiles
malgré les recapitalisations lancées.
L'UBS maintient son cap
«Il s'agit de la protection de la place financière suisse», a
expliqué Luqman Arnold. «Le modèle intégré de l'UBS a longtemps été
couronné de succès, mais tout a été détruit en quelques mois», a-t
il ajouté. «Le modèle de l'UBS n'est pas mauvais en soit, mais ce
système exige une direction fantastique. Or, la direction actuelle
a causé les plus grandes pertes de l'histoire du groupe».
Malgré tout, si l'UBS est devenue par l'ampleur de ses pertes la
banque du monde la plus touchée par la crise financière américaine,
elle se refuse pour l'heure à envisager une scission. «Nous restons
sur notre stratégie intégrée», a rappelé une porte-parole du
groupe.
Si la banque campe sur ses positions, la Bourse suisse a elle
réagi favorablement aux propositions de Luqman Arnold. Vers 15 h
30, la perspective d'un démantèlement permettait au titre UBS de
progresser de 3,83% à 33,64 francs, alors que l'indice vedette SMI
gagnait 0,64%.
ats/ap/vd
Non à Peter Kurer
Luqman Arnold propose qu'un «éminent banquier suisse au talent reconnu en matière stratégique, de gestion des risques et de communication prenne au plus vite la tête de la direction du groupe».
Peter Kurer, successeur désigné de Marcel Ospel à la présidence de l'UBS, n'est pas cette personne, selon lui. «C'est un excellent juriste, mais nous devons mettre un terme à ces passages automatiques entre la direction opérationnelle et le conseil d'administration.»
S'il soutiendra l'augmentation de capital lors de l'assemblée générale, Luqman Arnold ne votera pas pour Peter Kurer. D'après lui, le conseil d'administration doit dès à présent entamer des recherches pour trouver la perle rare.
Un passage éclair
Le 26 avril 2001, Luqman Arnold, alors responsable des finances de la banque, prenait la direction de l'UBS.
Le même jour, Marcel Ospel accédait à la présidence du conseil d'administration.
Luqman Arnold ne devait rester que huit mois à la direction, quittant abruptement ses fonctions le 18 décembre suivant.
Les raisons exactes de son remplacement brutal par Peter Wuffli n'ont jamais été publiées officiellement.
Pour Dirk Schütz, biographe d'Ospel, c'est une véritable lutte pour le pouvoir qui se jouait à la tête de la grande banque entre le directeur et le président du conseil d'administration.