Aryzta, société irlandaise cotée en Suisse depuis sa fusion avec Hiestand en 2008, a généré plus de trois milliards et demi de francs de chiffre d'affaires l'an dernier et compte 20'000 employés à travers le monde. Cent millions de croissants au beurre sont cuits chaque année en Suisse.
Le fonds spéculatif américain Elliott, dirigé par le milliardaire new-yorkais Paul Singer, a lancé une offre de rachat, assortie d'un ultimatum. Il est notamment connu pour avoir joué les fonds vautour au début de la dernière décennie lorsque l'Argentine faisait défaut sur sa dette.
C’est un combat entre un milliardaire américain et un apprenti boulanger. Car face à Paul Singer, le nouveau président du conseil d'administration d'Aryzta, Urs Jordi est bien décidé à refuser les avances. Et il s'agit bien d'un véritable choc culturel: Urs Jordi avait fait son apprentissage de boulanger chez Migros Jowa.
En septembre dernier, il a repris la présidence du conseil d'administration. Autour de lui, les cadres démissionnent, quittent le navire ou s'accrochent.
Mais Urs Jordi n'est pas seul dans sa résistance: il a le soutien de trois des plus grands actionnaires d'Aryzta, qui, ensemble, pèsent 23% du capital.
Qu'une question de temps
Si l'assemblée générale d'Aryzta refuse la prise de contrôle par Elliott mardi, ce ne serait qu'une question de temps avant un changement de propriétaire. Si ce n'est pas cette offre, ce sera la suivante. Quand le vautour tient une proie, il ne la lâche pas. Et Arzyta est devenu cette proie à laquelle Elliott s'agrippe.
Aryzta pourrait à son tour finir dévorée, elle qui avait, pendant tant d'années, cherché à grossir en ayant les yeux plus gros que le ventre. Et ses détenteurs ont eu pendant des années l'appétit pour s'étendre et s'endetter.
Aujourd'hui, c'est bien parce qu'Aryzta est endettée et fragile que ce boulanger risque, dès mardi, de se faire manger tout cru!
Frédéric Mamaïs/ebz