C'est la première fois que le FMI, qui tient en fin de semaine
son assemblée de printemps, évoque cette possibilité d'une entrée
en récession de la première économie de la planète, sous l'effet de
la crise des crédits hypothécaires à risques "subprime".
Aggravation possible
Le FMI évalue en outre à 25% "la probabilité d'un ralentissement
de la croissance mondiale à 3% ou moins en 2008 et en 2009", ce qui
se traduirait par une crise dans nombre de pays. L'institution
table encore toutefois sur une progression de 3,8% pour 2009,
environ un demi-point de moins qu'en janvier.
"Le plus grand risque tient à la possibilité que les tensions
financières s'aggravent", a expliqué Simon Johnson, économiste en
chef du Fonds, au cours d'une conférence de presse. "Une spirale
négative ou un phénomène de 'décélérateur financier' demeurent une
possibilité", a-t-il souligné.
Europe touchée
L'expansion du PIB américain devrait s'élever à seulement 0,5%
en 2008, "avant de se redresser modestement" à 0,6% en 2009, juge
le Fonds, qui a abaissé d'environ un point de pourcentage ses
dernières prévisions. La première économie du monde ne devrait pas
renouer avec son potentiel de croissance avant 2010, a ajouté Simon
Johnson.
L'Europe occidentale sera aussi frappée par les tensions
financières et le retournement du cycle immobilier. Le FMI table
sur 1,4% de croissance cette année en zone euro et 1,2% en 2009,
soit respectivement 0,2 et 0,7 point de moins qu'attendu en
janvier. Pour la Suisse, encore plus pessimiste, il table sur 1,3%
seulement cette année, et 0,9% en 2009.
agences/kot
Les pays émergents pas épargnés
Les pays émergents, qui continuent à porter l'expansion économique mondiale, "avec la Chine et l'Inde comme moteurs", ne seront pas épargnés par le ralentissement général.
Leur croissance "fléchira modestement" en 2008 et 2009, a indiqué l'institution, réfutant toutefois la théorie d'un "découplage" de l'économie mondiale entre pays riches, en crise, et pays émergents, en pleine forme.
La croissance chinoise a été ramenée à 9,3% pour 2008 et 9,5% en 2009 (soit 0,7 et 0,5 point de moins qu'anticipé jusqu'alors), et celle de l'Inde à 7,9% pour 2008 et 8,0% en 2009 (en retrait de 0,5 et 0,2 point).
Tension inflationniste
Le Fonds a également mis en garde contre une augmentation des "tensions inflationnistes", consécutive à la flambée des matières premières, en particulier des denrées alimentaires et du pétrole.
Dans les pays avancés, où la croissance est qualifiée d'"anémique", le FMI déconseille la rigueur monétaire: il encourage une poursuite de la baisse des taux de la Fed, et juge que "la Banque centrale européenne peut se permettre d'assouplir sa politique", ce à quoi elle s'est jusqu'alors refusé.
Mais cette ligne de défense, ne devrait pas suffire, selon l'institution qui préconise l'utilisation de fonds publics pour consolider l'économie, tant sur le front budgétaire que via des opérations ponctuelles.