Construction: un accord national a été trouvé
La Société suisse des entrepreneurs et les syndicats ont trouvé lundi un accord sur le renouvellement de la Convention collective de travail dans le secteur principal de la construction, a annoncé le médiateur Jean-Luc Nordmann.
Révélée en matinée par la Radio-Télévision Suisse Italienne,
l'information a été confirmée en conférence de presse dans
l'après-midi. Le secteur de la construction est sans Convention
collective de travail depuis le 1er octobre dernier, dans un
conflit qui a duré presque une année (voir
ci-contre).
L'accord qui doit permettre de sortir du vide conventionnel,
entrera en vigueur le 1er mai.
Pas de perdants
Le nouveau compromis négocié pour sortir du vide conventionnel
dans le secteur de la construction en Suisse doit encore recevoir
l'aval des patrons et des syndicats. Il efface les divergences sur
le premier compromis de décembre dernier, rejeté en janvier par la
SSE.
"Cet accord met un terme au conflit. Il n'y a pas de perdants, il
n'y a que des gagnants", s'est réjoui Jean-Luc Nordmann. Les
syndicats Unia et Syna doivent également consulter la base de leurs
membres ce mois encore, avant que ne prenne fin le vide
conventionnel.
La SSE confiante
Les délégués de la Société suisse des entrepreneurs se
prononceront sur la nouvelle mouture en assemblée le samedi 29
avril. Ce n'est qu'alors que l'on saura si la majorité, avant tout
alémanique, qui avait refusé le compromis initial se ralliera aux
recommandations de ses dirigeants.
Le président de la SSE, Werner Messmer, s'est dit confiant de voir
le nouveau texte passer le cap des délégués. Il a affirmé qu'il
s'engagerait personnellement pour que sa base donne cette fois son
feu vert à la sortie d'un conflit qui dure au total depuis onze
mois.
Heures de travail discutées
Dans le détail, la nouvelle ronde de
négociations a permis de préciser la gestion des heures de travail
perdues pour intempéries, pannes techniques ou manque de travail.
Si l'écart par rapport au calendrier prévu est peu important à la
fin du mois, une modification est superflue. Une commission
spéciale accompagnera la mise en oeuvre de cette règle et pourra
l'adapter si nécessaire.
Au niveau du fonds paritaire d'application et de formation
(Parifonds) , celui qui était inscrit dans la précédente CN sera
réintroduit dès le 1er juillet, tandis que le fonds patronal de
formation sera valable au plus tard jusqu'au 31 mars 2010. Ce délai
permettra de négocier des adaptations. Si les parties s'entendent
sur un nouveau Parifonds, la durée de la convention sera
automatiquement prolongée d'une année.
Tous les points déjà acceptés en décembre par les deux parties
sont en outre maintenus, a expliqué Andreas Rieger, co-président
d'Unia. Les hausses de salaires pour 2008 et 2009 restent, tout
comme les dispositions sur la durée du travail.
agences/boi
Publié
Un long conflit
Le conflit dans le secteur principal de la construction, qui occupe quelque 80'000 personnes, a duré onze mois.
Le 23 mai 2007, les délégués de la Société suisse des entrepreneurs décident de résilier la convention nationale de travail au 30 septembre.
Ils font valoir le manque de souplesse des syndicats Unia et Syna sur la question de la compensation des heures supplémentaires. Ce que ceux-ci réfutent.
Une première médiation, déjà conduite par Jean-Luc Nordmann, avait permis de dégager un compromis salué par les représentants des parties en conflit.
Ce compromis a toutefois été rejeté fin janvier par l'assemblée des délégués de la SSE, sous l'influence d'une majorité de patrons alémaniques.
Lees syndicats, Unia et Syna en première ligne, ont maintenu la pression en organisant des actions ponctuelles sur de nombreux chantiers depuis le mois de mars pour signifier leur adhésion au compromis de la fin de l'an passé.
Des solutions transitoires locales sous forme de conventions collectives reprenant les dispositions d'ancienne CN ont été entretemps adoptées dans cinq cantons romands (FR, GE, JU, VD, VS) ainsi qu'au Tessin.
De l'usage des médiations
Le recours à des médiateurs extérieurs lors de conflits du travail est relativement nouveau en Suisse. Jusqu'ici, cette pratique a surtout été utilisée pour des grèves locales.
Jean-Luc Nordmann avait déjà mené une médiation dans ce secteur. En mars 2000, il avait oeuvré lors de négociations salariales houleuses.
Lors de la grève chez CFF Cargo à Bellinzone, Moritz Leuenberger avait chargé Marco Solari, président de l'Office tessinois du tourisme, de déterminer les bases d'une table ronde. Au final, les grévistes ont cessé leur mouvement d'un mois et accepté Franz Steinegger (PRD/UR) pour présider la table ronde.
La médiation de l'industriel Rolf Bloch chez Swissmetal à Reconvilier (BE) en 2006 n'avait pour sa part pas abouti. La restructuration décidée par le groupe métallurgique n'a pas pu être évitée. En 2004, le premier mouvement avait toutefois pu être contenu grâce à la médiation de la cheffe bernoise de l'Economie Elisabeth Zölch.