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A Genève, les livreurs Uber eats ne reçoivent plus leurs pourboires

L'instauration d'un salaire minimum à Genève impacte les livreurs d'Uber Eats, désormais privés de leurs pourboires
L'instauration d'un salaire minimum à Genève impacte les livreurs d'Uber Eats, désormais privés de leurs pourboires / 19h30 / 2 min. / le 15 décembre 2020
Depuis l'introduction d'un salaire minimum à Genève de 23 francs de l'heure voté en septembre dernier, les livreurs Uber eats voient leurs pourboires leur passer sous le nez.

Cette période de pandémie a rendu la livraison des repas à domicile particulièrement populaire. Parmi ces livreurs, ceux d'Uber eats n'ont pas chômé. Pour souligner leur travail, l'application insiste: "Votre pourboire pour *Mathieu: sans eux, pas de livraison possible."

Le client généreux pense au froid hivernal, aux temps difficiles pour ces travailleurs souvent précaires et verse un pourboire via l'appli. Ce d'autant plus que le livreur est invité à déposer le repas devant la porte, afin d'éviter tout contact en raison des mesures sanitaires.

Sauf que, depuis le 1er novembre, le livreur Uber eats ne touche pas un centime du pourboire laissé en ligne.

Livreurs en colère

"Quand on nous donne un pourboire, c'est de la bonne volonté, c'est pour notre travail. Pourquoi ils nous enlèvent cette partie de notre revenu?  C'est un cadeau du client", s'indigne un livreur mardi devant la caméra du 19h30.

Pourtant, l'application précise le contraire: "Les pourboires sont facultatifs et constituent une autre façon de dire merci. Votre pourboire est intégralement reversé au coursier", lit-on après avoir passé une commande.

"Le client croit qu'il donne quelque chose au livreur et au final, c'est quelqu'un d'autre qui vient le prendre. Même le client se fait avoir dans l'histoire", relève un deuxième livreur.

Le seuil de rentabilité invoqué

A Genève, la situation des livreurs a totalement changé en deux mois. Sur décision judiciaire, leur statut est passé d'indépendant à employé. Et après la votation cantonale de septembre dernier, ils se sont vus attribuer un salaire minimum à 23 francs de l'heure.

Chaskis, la société qui salarie les livreurs Uber eats, a refusé de répondre à nos questions. Dans une prise de position, elle écrit: "Ce sujet est lié à notre seuil de rentabilité (...). Notre entreprise ne peut évidemment poursuivre ses activités et maintenir ses nombreux emplois que si chacun y met du sien".

Pour les 600 livreurs Uber eats à Genève, cette décision représente un gros manque à gagner. "Pour un temps plein, on reçoit chaque mois entre 250 et 400 francs de pourboires. Il y a un petit goût amer maintenant quand on remercie un client pour son pourboire, parce qu'on ne les touche plus. Cela correspond juste à des frais de livraisons supplémentaires, qu'on imagine être pour couvrir le passage à 23 francs", déplore un troisième livreur.

Une démarche illégale

Selon le syndicat Unia, cette décision unilatérale est illégale: "Nous avons formellement contesté cette démarche et avons demandé de l'arrêter immédiatement. J'attends toujours une réponse de leurs avocats pour nous rencontrer et pouvoir donner une résolution correcte à toute cette problématique", souligne Umberto Bandiera, secrétaire syndical.

La situation des livreurs Uber eats est unique. Les services de livraisons concurrents eux reversent les pourboires à leurs coursiers.

Delphine Gianora/fme

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