"Le temps se gâte sur le monde bancaire, mais la BCV est
extrêmement solide, même si elle plie un peu", a déclaré mardi
devant la presse Pascal Kiener. Le président de la direction
générale a voulu rassurer en parlant de normalisation des
résultats.
Les revenus sont en baisse de 29% à
420 millions à cause des pertes sur le négoce, des cessions des
activités d'Unicible et de la participation dans la filiale
espagnole A & G. Les opérations d'intérêt ont augmenté de 1% à
257 millions alors que les revenus diminuaient de 9% à 176
millions.
Un exercice 2008 en dents de scie
Le secteur du négoce avait causé au premier trimestre un
"accident désagréable", soit des pertes de 35 millions de francs
sur des dérivés d'actions, a rappelé Pascal Kiener.
Au deuxième trimestre la situation s'est améliorée: "On peut
affirmer que les risques majeurs sont sortis du portefeuille",
a-t-il expliqué. Les affaires de négoce n'affichent plus que 10
millions de francs en négatif.
La BCV a réduit les risques sur certaines positions importantes, a
poursuivi le patron de la banque vaudoise. A son avis, ce secteur
devrait même être positif au deuxième semestre.
Fin 2007, la banque avait jugé que le profil de risque n'était
plus adéquat et qu'il fallait le réduire. "On aurait dû décider six
mois plus tôt, les marchés nous ont rattrapés", a relevé Pascal
Kiener en soulignant que ce revers n'était en rien lié à la crise
des crédits hypothécaires aux Etats-Unis.
De nouveaux fonds
La masse sous gestion est en recul de 10% à 75,9 milliards à
cause de la sortie d'A & G (3,9 milliards) et des conditions de
marché. La BCV a enregistré toutefois un apport de 342 millions de
francs de nouveaux fonds, en provenance notamment de déçus d'autres
banques suisses. Mais "pas de raz-de-marée", a nuancé Pascal
Kiener.
Pour le responsable, la BCV entre maintenant dans une phase de
normalisation et son bénéfice net "va continuer à diminuer, mais
restera de bon niveau". Il s'est déclaré en revanche "pas du tout
satisfait" du niveau de l'action BCV qui a baissé de 35,3% au
premier semestre.
Incertitudes politiques
Cette chute est "exagérée, le prix de l'action est selon lui
"clairement trop bas, en dessous de la valeur comptable". Il a
estimé que les incertitudes politiques, liées à la part de l'Etat
de Vaud, pesaient notamment sur le titre. Le canton devrait réduire
de 67% à 50,12% sa participation dans la banque.
Une motion socialiste demande cependant le blocage des ventes des
actions de l'Etat à cause du manque d'information entre la banque
et le canton.
Compte tenu de tous ces éléments, la BCV s'attend à un recul
significatif de ses bénéfices brut et net pour 2008, mais dans une
moindre proportion qu'au premier semestre.
ap/ats/cab/jeh
Les autres banques cantonales en bref
La Banque cantonale de Genève a enregistré un repli de son bénéfice net de 7,1% à 39,7 millions de francs au premier semestre.
Les fonds gérés et administrés ont baissé de 1,3% à 13,9 milliards de francs.
La Banque cantonale de Fribourg a par contre dégagé un bénéfice net en hausse de 6,2%, à 38 millions de francs.
Le total du bilan à la fin de la période sous revue a augmenté de 5,3% à 10,3 milliards de francs.
La Banque cantonale neuchâteloise a vu son bénéfice net diminuer de 7,8% à 19,9 millions de francs. Ce résultat reste toutefois le deuxième meilleur de l'histoire de la BCN.
Le total du bilan s'est étoffé de 8,2% (430 millions) à 5,71 milliards de francs.
La Banque cantonale du Jura a de son côté dégagé un bénéfice net en baisse de 10,6% à 6,34 millions de francs. La performance reste la deuxième de son histoire.
La somme du bilan a augmenté de 6,9% pour atteindre 1,962 milliard.
La Banque cantonale du Valais et l'établissement bernois n'ont pas encore communiqué leurs résultats du premier semestre 2008.