Les pertes sont imputables aux positions détenues dans la
société de gestion d'actifs alternatifs Dillon Read Capital
Management (DRCM), entre-temps liquidée, aux activités sur taux de
la banque d'investissement et au portefeuille de négoce de titres
adossés à des crédits immobiliers, a indiqué lundi l'UBS.
Depuis l'automne, les dépréciations se montent à 37 milliards de
dollars. Le document identifie la manière dont les pertes sont
survenues, les mesures de gestion des risques qui ont été prises et
les remèdes mis en oeuvre dans les secteurs problématiques.
Manque de réaction
En parallèle au texte remis à la CFB, la banque a publié lundi
un rapport spécifique d'une
cinquantaine de pages pour ses actionnaires, donnant un aperçu de
ces explications. L'UBS estime que les personnes chargées des
différents portefeuilles liées aux secteurs à risque ont manqué de
réaction face à l'évolution du marché. Elles étaient conscientes de
la situation, mais elles ont sous-estimé les impacts de la crise,
peut on lire. Une mauvaise coordination dans le contrôle des
risques et la gestion des dettes apparaît également.
L'UBS a inscrit une perte - la première de son histoire - de 4,4
milliards de francs en 2007 à cause de la crise du subprime. Les
dépréciations atteignaient 21 milliards à fin décembre. La banque a
récemment annoncé des dépréciations supplémentaires à hauteur de 19
milliards au premier trimestre 2008, ce qui en fait l'établissement
le plus touché par la crise dans le monde.
Pas d'interventionnisme étatique
Malgré ces pertes, une intervention de la Confédération n'est
pas à l'ordre du jour, contrairement à ce que vient de faire la
Banque d'Angleterre lundi ou ce qui
s'est passé aux Etats-Unis lorsque la Fed a apporté son soutien au
rachat de la banque d'investissement Bear Stearns, en
faillite.
Sur l'échiquier politique, seul le PS est monté au créneau pour
critiquer les errements de la stratégie et de la gouvernance de
l'UBS. Mais pour le Conseil fédéral, il n'est pas question pour la
Confédération de venir en aide aux banques. Pour Doris Leuthard et
Hans-Rudolf Merz, l'Etat ne doit pas se muer en sauveur, comme il
l'avait fait lors du grounding de Swissair en 2001 (plus de 1,5
milliard de francs injectés).
Les marchés disposent de suffisamment de liquidités pour
recapitaliser l'UBS, estime pour sa part le professeur d'économie
lausannois Thomas Von Ungern. En cas de grosses difficultés, «c'est
d'abord aux marchés financiers internationaux d'agir, le secteur
public intervient seulement en dernier recours», soutient-il. La
Banque nationale suisse (BNS) pourrait ainsi utiliser ses immenses
réserves en devises en cas de faillite de l'UBS.
agences/cab
Assemblée générale prévue mercredi
Les actionnaires doivent se prononcer sur une nouvelle augmentation de capital de 15 milliards mercredi en assemblée général, afin de renflouer l'établissement. Ce point ne devrait pas être controversé. Lundi, le fonds Actares a apporté son soutien.
L'élection du président du conseil d'administration appelé à remplacer Marcel Ospel pose davantage de scepticisme. Actares demande à Peter Kurer de réformer l'entreprise.
Impact difficilement quantifiable
L'impact des difficultés que traverse l'UBS demeure difficilement mesurable pour l'économie suisse.
La crise financière n'a pour l'heure eu qu'un impact limité sur l'économie helvétique. Si la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait fléchir, les perspectives restent positives. La BNS table pour 2008 sur une croissance du produit intérieur brut comprise entre 1,5 et 2%. Le PIB s'est accru l'an dernier de 3,1%.
En outre, les difficultés de l'UBS demeurent marginales en terme d'emploi. La plupart des postes supprimés concernent les Etats-Unis.
La principale ombre au tableau porte sur le budget de la Confédération. Le conseiller fédéral Hans Rudolf Merz estime que la perte fiscale pourra atteindre jusqu'à un milliard de francs en 2008 comme en 2009.