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UBS: Peter Kurer élu sous les huées

Video: interview de Peter Kurer (en allemand)
Video: interview de Peter Kurer (en allemand)
Peter Kurer a été élu mercredi à Bâle, sous les huées, à la présidence du conseil d'administration de l'UBS. Les actionnaires de la banque ont également approuvé une augmentation de capital de 15 milliards de francs.

Au total, 4211 personnes représentant 48,03% des voix ont à
nouveau fait le déplacement mercredi à la Halle St-Jacques de Bâle
pour assister à cette assemblée générale ordinaire. Les tensions
étaient moins palpables qu'à fin février, date à laquelle les
actionnaires avaient approuvé dans l'urgence la recapitalisation de
leur banque. La salle a même poliment applaudi Marcel Ospel.
Retrouvez toutes les étapes de cette assemblée générale sur le
blog de tsrinfo.ch .

Les adieux d'Ospel

L'homme, qui a incarné la banque durant dix ans, a fait ses
adieux en reconnaissant que l'UBS avait "commis des erreurs" mais
en avait "tiré les conséquences". Si les éclats ont été plus rares
que lors de la précédente assemblée, les intervenants se sont
néanmoins bousculés à la tribune (lire ci-contre).
Certains n'ont pas manqué d'humour, l'un d'entre eux offrant même
un chapelet de cervelas à Marcel Ospel, convenant mieux à son train
de vie désormais plus modeste.



Les critiques ont avant tout porté sur les rémunérations des
dirigeants et les bonus versés (12,5 milliards de francs au titre
de 2007 pour les collaborateurs de l'UBS). La composition du
conseil d'administration et la personnalité du nouveau président
Peter Kurer n'ont pas non plus fait l'unanimité. Elu au bout de
plus de six heures et par une assemblée désormais clairsemée, Peter
Kurer a récolté tout de même 87% des voix, en dépit des critiques.
Le résultat du vote a toutefois été salué par des huées.

Peter Kurer critiqué

Jusque-là membre du directoire de l'UBS, Peter Kurer n'est pas
la bonne personne pour succéder à Marcel Ospel, ont estimé certains
actionnaires. Outre son profil de juriste, certains le jugent trop
compromis par la crise majeure que traverse la banque. Peter Kurer,
qui a déclaré dans son discours qu'il n'était pas là "pour défendre
sa candidature" a tracé les grandes lignes de son programme et
rendu un hommage bref mais appuyé à Marcel Ospel.



Les réformes passent par une refonte des tâches du conseil
d'administration et l'examen critique de l'orientation stratégique
de la banque, a-t-il indiqué. La gestion de fortune reste la
priorité, même si le modèle de banque intégrée n'est pas remis en
question. Peter Kurer a par ailleurs fait allusion à de possibles
changements au sein du conseil d'administration. "Nous introduirons
des spécialistes de la banque et de la finance en cas de vacance
ces prochains mois", a-t-il indiqué.

La dernière chose
dont la banque a besoin aujourd'hui, c'est d'un dirigeant
intérimaire.

Peter Kurer, au micro de
SF

Ethos au front

En conférence de presse, il a refusé d'être plus explicite quant
à d'éventuels départs. Cette déclaration devrait satisfaire
Dominique Biedermann, directeur de la fondation genevoise Ethos. Ce
dernier a en effet appelé à un remaniement de l'organe de
surveillance nettement plus en profondeur que celui avalisé
mercredi par les actionnaires. Les changements sont en effet pour
l'instant limités: seul Marcel Ospel a été remplacé par Peter
Kurer, et seul un banquier en la personne de David Sidwell
(ex-directeur financier de Morgan Stanley) fait son entrée au
conseil. Peter Voser et Lawrence Weinbach ont par ailleurs été
réélus sans problème.



Ethos a menacé de présenter ses propres candidats si l'UBS ne
convoquait pas une nouvelle assemblée extraordinaire d'ici à la fin
de l'été pour remodeler l'organe de surveillance.

Recapitalisation acceptée

Les actionnaires ont aussi approuvé à une écrasante majorité
(97%) l'augmentation de capital ordinaire de l'UBS à hauteur de 15
milliards de francs. Ouverte cette fois-ci à tous les actionnaires,
elle fait suite à celle de février qui avait permis à l'UBS de se
renflouer à hauteur de 13 milliards de francs, dont 11 milliards
injectés par le fonds singapourien GIC (voir
encadré
).



L'assemblée a aussi massivement approuvé les comptes 2007, qui se
soldent sur une perte de plus de 4 milliards de francs, ainsi que
la réduction du mandat des administrateurs de trois à un an.



ats/hoj/nr/hof

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Nouvelle recapitalisation

La crise des "subprimes" américains, qui avait constitué le menu de l'assemblée générale extraordinaire de février, a encore fait parler d'elle.

Touchée de plein fouet, l'UBS, qui a déprécié pour plus de 37 milliards de dollars depuis l'automne, doit encore une fois renflouer ses caisses.

La banque demandait à ses actionnaires une nouvelle augmentation de capital destinée à lever 15 milliards de francs, ce qu'ils ont accepté.

Ce point répond à une requête de Profond. La souscription sera ouverte à tous les actionnaires. Le fonds GIC n'exclut pas une nouvelle injection de capital.

La parole aux actionnaires

Même si l'assemblée générale ordinaire de l'UBS se déroulait mercredi à Bâle dans une atmosphère nettement moins tendue qu'en février, les actionnaires se sont bousculés pour prendre la parole.

Plus de 50 actionnaires s'étaient annoncés pour s'exprimer sur le point 1 de l'ordre du jour portant sur l'approbation des comptes 2007, a indiqué Marcel Ospel à la tribune, suscitant des murmures de désapprobation dans la salle.

Le président démissionnaire a toutefois récolté des applaudissements lorsqu'il a ajouté que le temps de parole était limité à 5 minutes.

En février, la salle avait mal réagi à l'annonce de restrictions semblables.

Premier à s'exprimer, Rudolf Meyer, représentant de la fondation Actares, a souligné qu'on utilisait beaucoup le terme durable, mais rarement en ce qui concernait le rendement.

Largement applaudi, Thomas Minder, patron de la société Trybol et auteur de l'initiative contre les rémunérations abusives des grands patrons, est revenu à la charge en détaillant les bonus des dirigeants de l'UBS.

"Devons-nous approuver une nouvelle capitalisation pour payer de bonus effarants? Dans ce cas, on peut tout de suite voter sur une troisième recapitalisation!", s'est-il emporté.

Au total, 24 milliards de francs ont été versés aux collaborateurs de l'UBS l'an passé, dont la moitié sous forme variable.