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CS et UBS: deux façons de faire des pertes

Le Credit Suisse figure aux côtés de l'UBS sur la liste des accusés.
Comme l'UBS, le Credit Suisse a vécu un premier trimestre 2008 difficile
Les chiffres rouges et les nouvelles dépréciations d'actifs annoncées jeudi font de Credit Suisse une des banques européennes les plus touchées par la crise du crédit jusqu'ici. Loin derrière UBS toutefois. L'avis de 2 spécialistes.

Michel Juvet (Bordier) et d'Alain Bichsel de la Commission
fédérale des banques reviennent sur la perte de Credit Suisse au
1er trimestre:

Cette perte pour Credit Suisse est-elle une
surprise?




S'il la juge «très regrettable», Alain Bichsel n'est pas surpris.
L'évolution des marchés, en mars surtout, la laissait prévoir,
estime le porte-parole de la Commission fédérale des banques (CFB),
autorité de surveillance officielle en Suisse.



Analyste financier chez Bordier, Michel Juvet n'est pas plus
surpris. Depuis quelques semaines, les informations laissaient
supposer cette perte. Certaines estimations circulant dans le
marché allaient même bien au-delà.



Quelles explications à ces mauvais
chiffres?




Comme UBS, Credit Suisse a procédé à des amortissements sur les
produits à risque CDO (instruments financiers liés à des crédits
hypothécaires commerciaux), indique Michel Juvet.



Autre domaine, qui touche plus UBS que Credit Suisse: les prêts
hypothécaires commerciaux. Une petite partie de la perte est due
aussi aux opérations de financement à levier d'entreprises.



La banque conserve toutefois une «très bonne capitalisation» (9,8%
de ratio de fonds propres de base T1) et dépasse les obligations
légales. Elle est très solide aussi sur le plan de la liquidité,
indique Alain Bichsel. Conséquence: ces mauvais résultats ne
modifient pas l'appréciation générale de la Commission fédérale des
banques à son propos.



Inquiet pour l'avenir de la banque?



«Non», assure tout net Alain Bichsel. L'inquiétude était justifiée
à l'égard d'UBS - en termes de stabilité et de fonctionnement -
mais pas de Credit Suisse, confirme Michel Juvet.



Cette banque est nettement moins endettée que ne l'a été UBS. Son
exposition aux produits à risque pur est nettement inférieure
aussi. Par contre, on peut craindre encore de nouveaux
amortissements, estime Michel Juvet.



Qu'on fait de différent Credit Suisse et
UBS?




Trop tôt pour le dire, assure Alain Bichsel. Seule certitude:
Credit Suisse était nettement moins exposé dans les affaires
«subprime».



Première grosse différence, selon Michel Juvet: UBS s'est beaucoup
plus endettée pour aller investir dans des produits à risque.
Ensuite, les types d'investissement et la prise de risque ont été
différents. UBS s'est presque exclusivement concentrée sur ce qu'il
y avait de plus risqué et de plus artificiel (les CDO). Credit
Suisse s'est fortement investi dans des opérations économiques
traditionnelles de financement d'entreprises et de
fusions-acquisitions.



Autant UBS est touchée en raison de l'effondrement des produits
titrisés liés à l'immobilier [produits spéculatifs], autant Credit
Suisse l'est à cause du ralentissement économique et du
fonctionnement du crédit, qui freine toutes les opérations de
financement. Credit Suisse subit la conséquence des dégâts causés
par UBS, résume Michel Juvet.



Pourquoi UBS recapitalise-t-elle et pas Credit
Suisse?




Cela tient à la stratégie propre à chaque banque, estime Alain
Bichsel. UBS a toujours dit, en tant que banque internationale de
gestion de fortune, vouloir un haut niveau de fonds propres. Une
question d'image.



La dimension des pertes des deux grandes banques n'est pas
comparable, complète Michel Juvet. Et UBS a encore 30 milliards
investis dans des titres à grande volatilité et à très grand
risque. Nettement plus que Credit Suisse. Elle a donc besoin de
consolider son niveau de fonds propres pour couvrir de nouvelles
pertes éventuelles.



Pourquoi cette idée de sortir la banque d'investissement
chez UBS mais pas chez Credit Suisse?




«Mystère!», pouffent les deux spécialistes...



La banque d'investissement de Credit Suisse a fonctionné de
manière traditionnelle. Celle d'UBS comme un Fond spéculatif
(«Hedge Fund»), estime Michel Juvet. Mais le vrai problème, c'est
le niveau de risque pris par cette unité.



Or, UBS a réduit ce niveau de risque. Michel Juvet est donc d'avis
qu'il faut conserver la banque d'investissement pour la remettre
sur pied. Quitte ensuite à la vendre, lorsqu'elle aura retrouvé une
certaine valeur.



L'important sur la base de cette crise, estime Alain Bichsel,
c'est d'apporter des retouches au système de régulation de la
branche. Pour le représentant de la CFB, séparer les diverses
activités ne permettra de toute manière jamais de réguler tous les
risques.



Les attentes pour le secteur bancaire?



L'agenda des grandes banques internationales est clair, selon
Michel Juvet: amortir, provisionner, recapitaliser. Ces trois
éléments resteront à l'ordre du jour des trois prochains mois.
Après ce délai, la grande partie des amortissements sera
probablement derrière.



swissinfo, Pierre-François Besson

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CS: une assemblée générale assez calme

L'assemblée générale du Credit Suisse, qui se tenait vendredi à Zurich, n'a pas donné lieu à de grands débats, contrairement à celle de l'UBS.

Le fait que le no2 bancaire helvétique ait bouclé ses comptes 2007 sur un bénéfice de 7,8 milliards de francs a contribué à apaiser les 1973 actionnaires présents.

Malgré une perte de 2,1 milliards au 1er trimestre 2008, la banque conserve une solide capitalisation, a estimé le président du CA, Walter Kielholz.

Selon lui, les turbulences des marchés financiers offriraient même au Crédit Suisse l'occasion de gagner des parts de marché sur ses concurrents.

CREDIT SUISSE

Credit Suisse a été fondé en 1856 par Alfred Escher dans le but de financer l'extension du réseau ferroviaire de la Suisse et son industrialisation.

Aujourd'hui, le groupe dont le siège est à Zurich est la 2e banque suisse, derrière UBS. Elle emploie 47'000 collaborateurs dans plus de 100 pays.

UBS et Credit Suisse réalisent ensemble 50% du bilan total de toutes les banques suisses.

Les activités des deux groupes contribuent pour 10% au Produit intérieur brut (PIB) de la Suisse.